L'émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie, Lakhdar Brahimi, a ouvert mardi à Genève une réunion avec des hauts responsables russe et américain pour tenter une nouvelle fois de fixer une date pour la conférence Genève-2 afin de trouver une solution politique au conflit syrien. Le vétéran de la diplomatie algérienne et onusienne se concerte avec les vice-ministres russes des Affaires étrangères Mikhail Bogdanov et Guennady Gatilov et la secrétaire d'Etat adjoint américaine en charge des affaires politiques, Wendy Sherman. Cette réunion sera suivie dans l'après-midi d'une autre élargie aux représentants des trois autres membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies, la Chine, la France et le Royaume-Uni. L'ONU a annoncé qu'il avait été décidé d'inviter ensuite les représentants de quatre pays voisins de la Syrie, l'Irak, la Jordanie, le Liban et la Turquie, ainsi qu'un représentant de la Ligue arabe et un représentant de l'ONU. Cet élargissement de la réunion est déjà interprété dans les milieux diplomatiques à l'ONU à Genève comme le signe d'une accélération des préparatifs de Genève-2. Depuis mars 2011, le conflit syrien a fait plus de 120 000 morts, selon un bilan établi par une ONG. Les délégations doivent discuter des modalités de la conférence de paix sur la Syrie et entrer dans le détail de son déroulement. La date du 23 novembre, avancée par diverses sources diplomatiques, n'a jamais été confirmée officiellement. La conférence «Genève I», au niveau des ministres des Affaires étrangères, le 30 juin 2012, avait approuvé un plan pour une transition politique, jamais mis en œuvre. Des garanties sur le départ d'Assad Le principal point de blocage pour la conférence reste le devenir du président Bachar al-Assad pendant la période de transition, des garanties sur son départ étant une condition préalable réclamée par certains groupes d'une opposition extrêmement divisée quant à sa participation. Lundi, le ministre syrien de l'Information a affirmé que le régime de Bachar al-Assad ne comptait pas se rendre à cette conférence «pour remettre le pouvoir», comme le réclament l'opposition et ses alliés. «Nous n'irons pas à Genève pour remettre le pouvoir comme le souhaitent (Saoud) Al-Fayçal (chef de la diplomatie saoudienne) et certains opposants à l'étranger», a affirmé le ministre Omrane al-Zohbi. Autre point de divergence entre Russes et Américains, la participation de l'Iran. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a répété mardi à Moscou que l'Iran devait être invité. «Tous ceux qui ont une influence sur la situation doivent absolument être invités à la conférence. Cela inclut tous les voisins de la Syrie, cela inclut presque tous les pays du Golfe persique, pas uniquement les pays arabes mais aussi l'Iran», a dit M. Lavrov lors d'une conférence de presse. La semaine dernière, après une tournée dans la région et une visite à Damas où il a brièvement rencontré le président Assad, M. Brahimi avait souhaité que la conférence se tienne «dans les semaines à venir et non l'année prochaine». Il avait indiqué qu'une date définitive serait «annoncée dans les jours qui viennent». C'est le secrétaire général de l'ONU qui doit lancer les invitations. L'émissaire avait également rappelé qu'il était essentiel que l'opposition participe à la conférence. «Si elle ne participe pas, il n'y aura pas de conférence de Genève», avait-il martelé. Les ministres arabes des Affaires étrangères ont exhorté dimanche soir au Caire toutes les factions de l'opposition à former une délégation sous la bannière de la Coalition syrienne pour se rendre à Genève. L'opposition doit se réunir le 9 novembre à Istanbul pour décider de sa participation. Le Conseil national syrien (CNS), le groupe le plus important de la Coalition de l'opposition, a d'ores et déjà annoncé qu'il n'irait pas à Genève et menacé de faire scission si la Coalition y assistait. Des groupes islamistes syriens ont menacé physiquement les éventuels participants de l'opposiiton, affirmant qu'ils seraient considérés comme des «traîtres». Les éventuels participants à la conférence commettront une «trahison» dont ils devront répondre «devant nos tribunaux», ont prévenu fin octobre d'importants groupes rebelles islamistes syriens, laissant clairement entendre qu'ils seront exécutés sommairement, une menace qualifiée de «révoltante» par la Russie.