La réunion préparatoire avec l'émissaire spécial de l'ONU Lakhdar Brahimi vendredi à Genève pour la Conférence sur la paix en Syrie, prévue le 22 janvier à Montreux, a permis de confirmer la liste des pays participants, l'Iran n'étant pas invité contrairement à l'Arabie Saoudite. Différée à maintes reprises, la Conférence Genève-2, va finalement avoir lieu le 22 janvier, réunissant pour la première fois à la même table des représentants du régime et de certaines factions de l'opposition. La composition de ces délégations est un casse-tête pour les parrains de la conférence, qui se sont concertés une nouvelle fois vendredi à Genève. Une délégation de la Coalition nationale syrienne (CNS), présente à Genève, sans toutefois participer à la réunion, a confirmé à nouveau sa participation. Elle n'a pas de liste des participants arrêtée alors que le gouvernement syrien a fait savoir à l'ONU que sa délégation était établie et serait annoncée «bientôt». Il n'y a pas eu d'accord vendredi entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité sur une invitation à l'Iran, principal soutien économique et militaire de la Syrie, les Etats-Unis y étant opposés. «Nous sommes très préoccupés par le fait que l'Iran n'a pas exprimé publiquement son accord avec le Communiqué de Genève (de juin 2012 - ndlr) et sur les principes sur lesquels cette Conférence est fondée», a souligné un haut responsable américain devant quelques journalistes. «L'Iran fournit du personnel militaire et des moyens financiers pour les milices, y compris le Hezbollah libanais, qui aggravent encore plus la violence en Syrie (...) nous considérons comme difficile de les imaginer dans cette conférence», a ajouté ce responsable. A l'opposé, l'Arabie saoudite, très engagée dans l'aide à certaines factions de l'opposition, a été nommée sans commentaires dans la liste des pays invités. Genève-2 est chargée de lancer la mise en oeuvre du plan adopté à Genève en juin 2012 par les grandes puissances pour un processus de règlement politique d'un conflit qui a fait plus de 120.000 morts depuis mars 2011. Il s'agit de mettre en place un gouvernement de transition pour préparer une élection présidentielle, mais la résolution de l'époque était restée muette sur le devenir du président Bachar al-Assad, ce qui en fait aujourd'hui l'un des principaux points de controverse. Ces dernières semaines, Damas n'a eu de cesse de répéter qu'il ne fallait pas attendre à Genève une remise des clés du pouvoir à l'opposition, au point d'irriter la Russie, son plus puissant soutien politique. La Russie a accusé jeudi le président syrien Bachar al-Assad de faire monter la tension par des déclarations sur son éventuelle participation à l'élection présidentielle de 2014. «De tels propos ne font que faire monter la tension et n'apaisent guère la situation», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov. M. Brahimi a répété pour sa part que la Conférence aurait lieu «sans conditions préalables». Après la réunion ministérielle du 22 janvier à Montreux, présidée par le secrétaire général de l'ONU, Ban ki Moon, où une trentaine de pays seront présents, la conférence se poursuivra à Genève à partir du 24 janvier entre les deux délégations syriennes sous l'autorité de M. Brahimi. Aucune indication n'a été donnée sur la durée des travaux, qui dépendra des progrès accomplis ou non entre les deux délégations syriennes, l'émissaire des Nations unies parlant «d'un, deux ou trois jours», et plus en cas d'accord sur un agenda. Le président français François Hollande a exprimé vendredi le scepticisme largement partagé quant aux chances d'aboutir dans cette conférence. La convocation de la conférence de Genève-2 ne peut «être en soi un objectif, une satisfaction», a déclaré M. Hollande à l'issue d'un sommet européen où les dirigeants ont brièvement discuté du conflit syrien. «Si Genève-2 doit être la confirmation de Bachar al-Assad ou la transition politique de Bachar al-Assad à Bachar al-Assad, il y a quand même peu de chances que l'on reconnaisse ce rendez-vous comme ayant été la solution politique pour la question syrienne», a-t-il ajouté. «Il y a une unanimité sur le fait qu'il ne doit y avoir aucun retard, que cette conférence doit avancer comme prévu», a pour sa part souligné le haut responsable américain à Genève, appelant la délégation de l'opposition à incorporer des «délégués qui ont une influence sur le terrain».