Les motifs de ce renvoi sont toujours liés à la maladie du magistrat en charge du dossier. La Cour suprême a renvoyé, jeudi dernier, l'examen des pourvois en cassation introduits par de nombreux prévenus poursuivis dans le cadre de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest. Au moins une dizaine ont contesté l'arrêt de la chambre d'accusation du 12 novembre 2012, ayant criminalisé les faits de cette affaire, confirmant en grande partie les conclusions de l'instruction. Jeudi dernier, alors que l'affaire avait déjà été reportée, tout le monde s'attendait au retour du juge, que l'on disait malade depuis près d'un mois. Le report pour la seconde fois a été une surprise pour les avocats présents à la Cour suprême, d'autant qu'aucune date n'a été retenue pour l'examen du dossier. En effet, selon certains avocats, «la défense a été informée de l'ajournement de l'audience à une date ultérieure sous prétexte que le juge est toujours malade». Ils s'interrogent sur les vraies raisons qui motivent ce deuxième report et se demandent s'il n'est pas lié aux derniers événements relatifs à l'extradition de Abdelmoumen Khalifa et de Brahim Hadjas. «Il y a trop d'affaires qui reviennent sur la place publique, en ce moment de précampagne électorale. Des affaires qui, faut-il le préciser, ont toutes éclaté au grand jour durant les années 2000 et qui impliquent toutes des personnalités dites proches du cercle présidentiel», révèlent certains de nos interlocuteurs. Ces pourvois en cassation, rappelons le, concernent une dizaine de prévenus, sur une vingtaine, poursuivis dans le cadre de ce scandale. Ils avaient contesté l'arrêt de la chambre d'accusation prononcé le 12 novembre 2012, qui, quatre mois auparavant, avait ordonné au juge d'instruction une enquête complémentaire, la vérification des mouvements de capitaux opérés sur les comptes de Chani Mejdoub, l'homme d'affaires algéro-luxembourgeois, domiciliés en Autriche, l'audit de la gestion administrative et financière de sa société de cosmétiques domiciliée à Alger mais aussi l'audition des nommés Saad Boudemagh, Houari Baghdadi, et un certain Harzellah. Elle a fait injonction au magistrat d'inculper en tant que personnes morales, les sociétés Pizarotti (italienne), Alstom (française) et un groupement canadien d'études techniques sur les routes pour «association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et de complicité de dilapidation de deniers publics». Plusieurs avocats avaient contesté les conclusions de l'instruction, arguant du fait qu'elles «n'étaient pas argumentées et laissaient de nombreuses zones d'ombre». Le juge, faut-il le rappeler, avait criminalisé les faits retenus contre Mejdoub Chani, Mohamed Khelladi, ancien directeur des nouveaux projets de l'Agence nationale des autoroutes (ANA), Salim Hamdan, directeur des nouveaux projets au ministère des Transports, et Addou Tadj, homme d'affaires, accusés «d'association de malfaiteurs, trafic d'influence, d'abus d'autorité, de corruption (pour les fonctionnaires) et de blanchiment d'argent». Ces prévenus sont tous en détention provisoire depuis, pour certains, plus de deux ans, et pour d'autres, plus de trois ans. Pour les quinze autres prévenus, le magistrat a retenu «la corruption, trafic d'influence et perception d'indus cadeaux» contre Mohamed Bouchama (en plus du délit d'abus d'autorité), secrétaire général du ministère des Travaux publics, Belkacem Ferrachi, chef de cabinet du ministre des Travaux publics, Rafik Ghozali, directeur général de l'Algérienne de gestion des autoroutes (AGA ), le colonel Khaled, ancien conseiller de l'ex-ministre de la Justice (les trois avec en plus des délits d'abus d'autorité et de corruption).