Lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, le chef de la délégation de l'UE a donné son appréciation sur la loi sur les associations tant décriée en Algérie. La loi sur les associations en vigueur depuis 2012 inquiète aussi l'Union européenne (UE). Partenaire politique et économique de l'Algérie, l'UE se dit sensible aux plaintes des organisations nationales et étrangères qui dénoncent les dispositions qualifiées de «liberticides» de ce texte. «Les associations nous ont fait part de leurs remarques par rapport à cette loi et leurs difficultés. Nous discutons régulièrement avec les autorités algériennes et avec le CNES. Nous espérons que ces difficultés pratiques de la mise en application de cette loi, qui ne sont pas tout à fait les mêmes pour toutes les associations, soient levées pour faciliter le travail des associations», déclare le chef de la délégation de l'UE en Algérie, Mark Skolil, lors d'une conférence de presse animée hier à Alger. Selon lui, la communauté européenne espère des facilitations pour le travail des associations en Algérie. «Nous espérons faciliter le travail des associations, non dans l'intérêt des pays étrangers, mais dans celui de l'Algérie. Les associations font partie de la vie de chaque pays et l'Algérie est attachée au développement de ce secteur», ajoute-t-il. L'UE s'exprime ainsi pour la première fois sur cette loi qui suscite toujours la polémique au niveau national. Et cette réaction intervient à la veille de l'expiration du délai de deux ans fixé aux associations pour se conformer aux nouvelles dispositions de la loi en question. Tout en organisant leurs congrès de mise en conformité, plusieurs organisations, dont les ligues des droits de l'homme en Algérie (LADDH et LADH) ont demandé l'abrogation de ce texte qualifié «d'épée de Damoclès» suspendue au-dessus de la tête des associations. Ces dernières disposent de moins de dix jours pour revoir leur organisation interne si elles souhaitent poursuivre leurs activités sur le terrain. Interrogé sur la question des droits de l'homme, le diplomate européen affirme que ce sujet n'est pas éludé dans les relations de l'UE avec l'Algérie. «Nous avons un dialogue et une coopération soutenue dans ce domaine. Il y a des progrès qui ont été enregistrés en Algérie et qui sont incontestables. Nous avons, dans le cadre de l'accord d'association, des outils qui nous permettent de poser toutes les questions relatives à la politique et aux droits de l'homme. Nous les discutons ouvertement et dans le respect réciproque. Nous n'évitons aucun sujet. Ce n'est pas notre style de travail d'éviter les sujets», assure-t-il. Présidentielle de 2014 : l'UE pas encore sollicitée Revenant sur l'élection présidentielle de 2014, Mark Skolil affirme que le gouvernement algérien n'a pas formulé de demande d'envoi d'une mission de supervision de ce scrutin. «Une telle demande ne nous a pas encore été présentée. Si tel devait être le cas, je peux vous assurer que l'UE et Mme Ashton étudieront cette éventuelle demande avec beaucoup d'attention», explique-t-il. Dans ce sens, le chef de la délégation européenne se félicite du niveau des relations politiques entre les deux partenaires. «Nous nous réjouissons de ce dynamisme et de ce rapprochement des relations politiques», estime-t-il. Selon lui, l'Algérie a exprimé son souhait de rejoindre le cadre de coopération entre l'UE et les pays de la région dans le cadre de la politique européenne de voisinage (PEV). «Nous avons commencé, l'année dernière, à discuter le plan d'action avec nos partenaires. Une fois conclu, nous pourrons introduire une option additionnelle à ce que nous faisons déjà dans le cadre de la nouvelle politique de voisinage. Plusieurs rounds de négociations ont eu lieu et nous attendons avec patience les propositions algériennes pour que l'on puisse se retrouver l'année prochaine à Bruxelles pour continuer à préparer ce plan d'action», annonce-t-il. Abordant l'évaluation de la coopération algéro-européenne, Mark Skolil qualifie ces résultats «d'encourageants». «Il y a des projets qui ont bien réussi et d'autres pas. Mais en général, l'UE fait un très bon bilan de sa coopération avec l'Algérie», dit-il, précisant que l'année 2014 marquera le début d'une nouvelle période dans ce partenariat. Une nouvelle période déjà entamée avec le lancement, depuis jeudi dernier, de quatre nouveaux programmes de coopération représentant un montant global de 94 millions d'euros. Ils concernent l'environnement (34 millions), la pêche et l'aquaculture (15 millions), l'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association (P3A) (35 millions) et l'appui à la gouvernance (10 millions).