Il suffit de voir la longue liste des films du Vietnam, du Gambodge et du Laos pour comprendre que la stratégie d'ouverture du Festival de Locarno est devenue son axe principal. Il y a deux ans, c'était le cinéma indien. L'an dernier, c'était Cuba. Cette année, le 57e festival de la belle cité tessinoise consacre une grande partie de son programme aux films venus du Mékong. Nouvelle vague C'est évident que de nouveaux talents dans cette région du Sud-Est asiatique ont leur mot à dire aussi bien dans le domaine narratif, esthétique que technique, tout en demeurant loin des standars d'Hollywood. Irène Bignardi, directrice du festival de Locarno, a visité personnellement le Vietnam, le Cambodge et le Laos tout récemment pour sélectionner les films. Cette sélection commence par une série de films réalisés par le roi du Cambodge, Norodom Sihanouk, certainement le seul souverain au monde qui est aussi cinéaste : Ombre sur Ankor, Crépuscule, Apsara. Et précédés d'un documentaire signé Frédéric Mitterrand et J. B. Martin : Sihanouk roi cinéaste. Des œuvres vietnamiennes, comme Hanoï - 12 days and nights, de Bui Dimh, rappellent le temps de guerre quand les bombardiers américains se jetaient sur la ville en 1972. Le temps de guerre aussi dans les deux très remarquables films du Cambodgien Rithy Panh : One evening after the war et 521 : les Khmers rouges machine de guerre. Dans le programme aussi, la sélection montre des films fictions et documentaires venus du Laos, comme La toupie, de Som Ock Southiphomb ou Le rêve de Mina, de Chamtone Phanouvong. Cette bonne section portes ouvertes sur le Mékong est soutenue, comme pour Cuba, par le département fédéral des affaires étrangères. Tous les cinéastes présents venus du Mékong (sauf le roi Sihanouk participent aussi à un vaste forum pour parler de leurs projets, de la situation du cinéma de leurs pays respectifs), en fait d'un fonds culturel et artistique commun mais encore peu connu en Europe et à travers le monde. Porte du soleil levant Un programme attachant aussi du Festival de Locarno : Human Rights Programm a présenté dès son ouverture la saga palestinienne Bab Echams (la porte du soleil), un film de 4 heures de Yousry Nasrallah. Un demi-siècle d'histoire de la Palestine, bombardements sionistes, meurtres, exodes, douleurs... La fresque est tirée du livre d'Elias Khoury. Dans le même programme, des films de Godard sur Sarajevo, de Ian Gabriel sur l'histoire de l'apartheid en Afrique du Sud. Au total, 18 films dont le meilleur obtiendra le Human Rights Award, un nouveau prix décerné à Locarno par un jury composé de gens du cinéma et de défenseurs des droits de l'homme.