L'institut culturel français (IFC) accueille depuis le 17 du mois courant, et jusqu'au 5 janvier prochain, une belle adaptation de l'oeuvre majeure d'Albert Camus, l'Etranger, par le bédéiste Jacques Ferrandez. Tout un texte romanesque transformé en passionnante bande dessinée, édité par Gallimard. Un beau livre donc, dont la séance-dédicace a eu lieu il y a quelques jours, et d'admirables illustrations sous verre qui ornent encore les murs de la salle des expositions de l'ICF, pour les amoureux du 9ème art. L'auteur, né à Alger en 1955, a travaillé durant 25 ans à sa série «Carnets d'Orient», en 10 volumes, racontant l'Algérie depuis la fin du XIXe siècle à la guerre d'indépendance. Son cheminement s'inscrit donc dans une absolue nécessité, dans ce sens où il n'aurait pas eu d'autre choix que de rencontrer, spirituellement, Camus. D'autant plus que ses parents ont aussi vécu à Belcourt (Alger), le quartier où est né le grand écrivain, et que son père a fréquenté le même lycée. «Beaucoup de choses, et depuis longtemps, me lient à Camus. Il me semble que j'ai grandi avec. (…) Son appartenance à l'Algérie, son déchirement au moment de la guerre d'indépendance, tout cela me touche beaucoup», avait déclaré Jacques Ferrandez lors de la table ronde organisée dernièrement à l'ICF, ayant réuni outre le bédéiste, l'essayiste Jean-Yves Guerin, l'écrivaine algérienne, Maissa Bey, et l'écrivain Eduardo Castillo, «pour exprimer -avec leurs différences, leurs doutes, leurs admirations, leurs préjugés- leur dette, immense, à l'égard de l'héritage camusien». A ce propos, un ouvrage collectif de Philippe Rey, intitulé «Pourquoi Camus ?» collige les textes d'une vingtaines d'auteurs, entre écrivains, professeurs et journalistes, racontant chacun sa perception, ou son rapport à cet immense écrivain, qui, plus que jamais, suscite tout à la fois admiration et acerbe critique. Rappelons que cette manifestation entre dans le cadre du centenaire de la naissance d'Albert Camus (1913-2013).