L'année 2013 aura sans doute été celle des chômeurs de Ouargla qui ont donné, en mars dernier, une belle leçon de patriotisme et, au nom de tous les jeunes des zones pétrolières du pays, ont tenu la dragée haute au gouvernement pendant plusieurs années jusqu'au fameux rassemblement du 14 mars dernier. Une manifestation qui a tout bouleversé pour les uns et les autres, changeant à jamais l'image folklorique du sud du pays. Transformée en Coordination nationale de défense des droits des chômeurs, la CNDDC a connu son premier revers le 28 septembre en assurant une faible mobilisation à la rentrée sociale après avoir montré sa capacité de rassemblement et démonté un à un les subterfuges du gouvernement à propos de manipulations étrangères. La rétrospective du mouvement des chômeurs ne s'arrête évidemment pas là. La fronde sociale au Sud, les chômeurs de Ouargla ont été les premiers à la mener au milieu des années 2000, où le flux démographique fuyant l'insécurité au Nord a complètement déséquilibré la situation économique et sociale dans les zones pétrolières du Sud, notamment à Hassi Messaoud où la demande de logements, d'emplois et de prestations sociales et économiques a décuplé en peu de temps, alors que rien n'était prêt pour ce rush. Le déséquilibre a donc touché les plus démunis et les moins instruits parmi la population locale. Le mouvement des chômeurs a commencé par interpeller le président Bouteflika, lors de sa visite à Ouargla en 2004, quand des jeunes ayant approché le cortège présidentiel ont été brutalisés par les forces de l'ordre. Ce qui a eu pour effet immédiat d'exacerber le sentiment d'incompréhension et d'injustice. Année après année, le combat a pris différents modes opératoires au gré des visites ministérielles d'appoint, de délégations interministérielles, des promesses et engagements de mettre fin aux activités des sociétés de sous-traitance dans le secteur pétrolier, de moderniser et doter l'Anem en moyens matériels, de réserver un quota de postes d'emploi en priorité aux enfants du bassin pétrolier et surtout mener de front une nouvelle politique de l'enseignement et de la formation professionnels à Ouargla. Le mot Sud était alors encore tabou et le mouvement concomitant des enfants du Sud qui a vu le jour à El Bayadh a été implosé, ses membres pourchassés et mis en prison ou poussés dans les bras du terrorisme. De 2004 à 2013, ce sont 9 longues années de lutte acharnée pour arracher une reconnaissance de la légitimité des revendications des jeunes et le mouvement des chômeurs a fait sa mue en Coordination nationale de défense des droits des chômeurs.