Après Ouargla et Laghouat, c'est à la place Maquam Echahid de Oued Souf qu'une manifestation est prévue aujourd'hui. Deux semaines après le succès du rassemblement de Ouargla qui avait recentré le débat autour du chômage et battu en brèche les tentatives de division et de court-circuitage de la lutte des chômeurs du Sud, accusés de séparatistes répondant à des agendas extérieurs, la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) est à la croisée des chemins aujourd'hui, le sit-in prévu à El Oued est une nouvelle mise en garde pour le gouvernement. La violence de la répression policière et le brouillage des cartes ont décuplé la pression sur les épaules de Tahar Belabès qui lance une réorganisation des troupes et un recentrage des efforts sur l'essentiel pour contrecarrer les tentatives de déstabilisation du mouvement des chômeurs. Ainsi, au moment où la CNDDC, initiatrice du mouvement de protestation des chômeurs du Sud, s'apprêtait à nommer des délégués les représentant de chaque wilaya pour entamer des négociations avec le gouvernement et au lendemain des troubles de Ghardaïa, une rencontre à Alger a regroupé des chômeurs et des notables de Ouargla et Ghardaïa et les ministres de l'Intérieur, de l'Agriculture et des Ressources en eau. Une rencontre sous le sceau du secret, dont aucune image ou déclaration n'a filtré, hormis un communiqué succinct à l'APS faisant état «de la poursuite des rencontres périodiques pour cerner les aspects socioéconomiques relatifs à l'emploi». Rien ne semble donc avoir changé depuis le rassemblement de Ouargla, puisque le gouvernement continue ses réunions techniques où des décisions unilatérales sont communiquées aux mêmes interlocuteurs, des chômeurs et des notables triés sur le volet, sans cesse décriés par ceux qui occupent la rue et dont certains ont été renvoyés de la place «Tahrir» deux semaines plus tôt. Les différents communiqués de la CNDDC ont simultanément réagi aux événements via les réseaux sociaux, soulignant l'inadéquation des réponses du gouvernement : une main de fer qui réprime tant à Ouargla qu'à Ghardaïa, où des militants des droits de l'homme et des chômeurs sont violemment arrêtés, traduits devant les tribunaux et privés de leur liberté, et la langue de bois habituelle devant une assistance en mal de représentativité. Dénoncer la répression et les représentants sélectionnés par le gouvernement, communiquer à propos des prochains rendez-vous, tels sont les objectifs du moment, explique Tahar Belabès. Entre-temps, le troisième rendez-vous annoncé par la CNDDC est en branle. Rien ne semble entamer la volonté de ces chômeurs décidés à aller jusqu'au bout de leur démarche en déplaçant leur manifestation pacifique à travers plusieurs wilayas. Ainsi, après Ouargla et Laghouat, c'est à la place Maqam Echahid de Oued Souf que la troisième «Milionya» se déroulera aujourd'hui. Rachid Aouine, un organisateur interpellé puis relâché en début de semaine par la police, a tenu à tranquilliser les esprits et confirmer, via les réseaux sociaux, le maintien de ce rassemblement que beaucoup donnaient pour annulé. De même que pour les précédents rendez-vous, les rumeurs vont bon train et tous les coups sont permis pour dissuader les marcheurs. Mais le rassemblement d'El Oued aura bien lieu et revêt même une importance vitale pour la CNDDC dont l'objectif de l'heure est de démontrer, si besoin est, sa cohésion, sa mobilisation et le maintien de ses revendications.