La direction de la culture, en étroite collaboration avec le Club de réflexion et d'initiative (CRI) organise les 25 et 26 du mois en cours, la 3ème édition du colloque sur Mustapha Kateb, l'enfant prodige de Souk Ahras qui a donné au théâtre algérien ses lettres de noblesse. Une vie de travail, de sacrifices et d'abnégation, a dit l'ancien ministre de la Culture, Lamine Bechichi, toutes les prouesses d'un homme hors pair qui a eu le mérite de créer une école théâtrale authentique dans un contexte de tentatives de confiscation de l'identité nationale. Kateb l'humaniste a été évoqué par le même intervenant à travers ses actes. «En 1962, Mustapha Kateb aidait à l'adoption de 2000 orphelins, victimes de la guerre de Libération, parmi eux des artistes de renommée ont rejoint le ballet national algérien, créé par lui-même», a-t-il déclaré. Le lancement de l'école des arts dramatiques de Bordj El Kiffan, les troupes militantes parties en tournées internationales pour plaider la cause algérienne avant l'indépendance, ses convictions nationalistes, son passage au ministère de l'Enseignement supérieur les premières années de l'indépendance et d'autres faits marquants dans sa vie ont été présentés avec force détails par l'ancien ministre. Le représentant du ministère de la Culture, Mohamed Stili, a mis en relief les qualités intellectuelles de l'homme et exhorté l'ensemble des participants à ce colloque à perpétuer sa pensée pour que les générations futures soient sensibilisées au legs important laissé par les maîtres penseurs de ce pays. Dans sa communication, le docteur Djalel Khecheb, de l'université de Souk Ahras a axé sa conférence sur l'aspect technique et les fondements du théâtre de Mustapha Kateb. «Celui qui puisait dans le théâtre avant-gardiste d'obédience réaliste-socialiste, aimait Brecht et lisait avec entrain les œuvres de Sartre, a réussi à présenter au public algérien une version du terroir où des personnages tirés du vécu de la société colonisée se distinguaient par les spécificités locales», a-t-il expliqué. Celui qui devait opter pour le théâtre comme moyen d'expression contre la mort programmée d'une culture déclassée à la faveur de celle transportée depuis la capitale française sur le bout des baïonnettes, excellait dans l'écriture des textes parlés par ses concitoyens, humbles dans leur apparence mais convaincus que leur sort ne sera jamais lié à celui de l'occupant. Les acteurs qu'ils formaient devaient l'exprimer souvent par le biais du burlesque. Les heurts et déceptions des petites gens d'Algérie offraient matière au tragi-comique dans lequel Kateb s'exprimait.