Un ministre de l'Intérieur veut interdire à un humoriste de faire des spectacles. Cela ne se passe pas sous une dictature, mais dans la patrie des droits de l'homme, la France. Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a pris la décision de «tout faire» pour interdire les spectacles de l'humoriste Dieudonné M'bala M'bala. Accusé de «racisme et antisémitisme», Dieudonné, qui est déjà boycotté par les médias français depuis plusieurs années, risque de voir ses représentations et réunions publiques dans les différentes villes françaises marquées du sceau de l'interdit. Pour justifier cette décision, le ministère de l'Intérieur juge que les spectacles de l'humoriste «n'appartiennent plus à la dimension créative, mais contribuent… à accroître les risques de trouble à l'ordre public». Un discours qui nous rappelle étrangement ceux tenus de ce côté-ci de la Méditerranée pour censurer la parole libre. Le même ministère, qui n'annule pas directement ces spectacles, a trouvé la formule d'adresser une instruction aux préfectures pour «apprécier à chaque spectacle, si le risque de trouble est caractérisé et justifier d'interdire la représentation». Le préfet de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur a commencé à exécuter la décision du ministère, en procédant à «l'examen vigilant des conditions de tenue du spectacle de Dieudonné à Marseille, en février prochain». Un examen suscité par une demande du maire UMP, Jean-Claude Gaudin, se disant «non favorable à un tel spectacle». A noter que la décision de Manuel Valls est intervenue après que l'humoriste ait entrepris de porter plainte contre le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme Licra, Alain Jakubowicz, qui est allé jusqu'à associer le geste de «la quenelle» lancé par Dieudonné et repris par de nombreux fans, de «salut nazi inversé signifiant la sodomisation des victimes de la Shoah». L'avocat de Dieudonné, maître Jacques Verdier, a estimé que le motif de trouble à l'ordre public invoqué par le ministère est «totalement fallacieux». «Cela impliquerait qu'il y aurait des risques de manifestations préalables postérieures à ce spectacle. Or, depuis des années que Dieudonné organise ses spectacles, il n'y a jamais eu le moindre incident». Et d'ajouter : «Je ne vois pas pourquoi M. Valls (…) serait le guide de la conscience du spectateur, en quoi il serait celui qui oriente vers les bons spectacles par rapport à de mauvais spectacles», dit-il à la presse française. Maître Verdier estime aussi que la décision de Valls est «un manque de respect absolu à l'égard de tous ces gens qui viennent voir Dieudonné pour l'applaudir». A souligner, que les attaques islamophobes de Charlie Hebdo n'ont jamais suscité le moindre reproche du gouvernement français justifiant toute réaction comme une atteinte à la liberté d'expression.