La cellule de coordination et de suivi de la communauté mozabite a été entendue et ses recommandations suivies à 100% dans la commune de Ghardaïa. Pas un enfant mozabite n'a rejoint son école à la reprise des cours, dimanche. Même les structures éducatives privées tels les instituts El Islah et El Hayat, pourtant appartenant et fréquentées uniquement par la communauté ibadite, ont été touchées par le mot de grève. Toutes les structures de la commune de Ghardaïa, et ce, dans les trois paliers, ont été désertées par les enfants mozabites. A titre d'exemple, dans les écoles Hamou El Hadj et Abou Amar, dans la palmeraie, aucun enfant ne s'est présenté. Pour ce qui est de l'école Hamou Baba Moussa Ouelhadj, les 48,75% des enfants qui ont franchi le seuil de la porte d'entrée sont tous arabophones. Il faut préciser que les plus forts taux de suivi de cette grève de cours ont été enregistrés dans les établissements se situant dans les quartiers mozabites ou à sa périphérie immédiate. Les structures situées en ville, tels les CEM Ourida Meddad, Ali Ibn Abi Taleb et les lycées Fillali et Moufdi Zakaria n'ont été qu'à moitié affectées par cette grève de cours qui, rappelons-le, a été décidée à la dernière minute, après un conclave entre la cellule de coordination et de suivi de la communauté ibadite avec les associations de parents d'élèves. Le motif évoqué quant à cette décision est le manque de sécurité tant au niveau des structures éducatives mais surtout sur le parcours des élèves entre leur lieu de scolarité et leurs domiciles. Pour ce qui est des lieux de savoir, nous avons constaté de visu un renforcement de la sécurité tant en nombre d'hommes que de matériels. Déployés devant les portes des écoles et aux alentours, des dizaines éléments des forces antiémeutes, boucliers et triques à la main, veillent au grain. Azzedine Djillani, le directeur de l'éducation de Ghardaïa, qui déplore cette situation estime que «cette grève n'aurait pas dû avoir lieu du fait que toutes les dispositions ont été prises conjointement avec les services de sécurité pour éviter tout incident», ajoutant «espérons que la sagesse l'emporte et que tous les enfants de cette belle ville rejoignent demain les bancs des écoles». Au niveau de la cellule de coordination qui a pris ses quartiers dans le modeste local du FFS dans la place du vieux marché de Ghardaïa «aucune décision quant à une reprise des cours ou pour le suivi de la grève n'a encore été prise. Ce n'est que le soir vers 20 heures que la décision sera prise tant pour la grève des commerçants que pour les cours», nous affirme Hamou Mesbah, le fédéral du FFS de Ghardaïa, rencontré sur place dans son bureau. Il faut dire que la ville de Ghardaïa affiche un double visage ces derniers jours, le bas de la ville vers le siège de la wilaya et vers les quartiers arabes est d'une animation qui contraste singulièrement avec l'espèce de paralysie qui enveloppe le haut de la vieille ville vers le vieux ksar et les quartiers mozabites qui affichent une triste mine. Même les ruelles dans les dédales de la vieille ville ont été investies par une pléthore de vendeurs informels qui étalent à tout bout de champ leurs marchandises, faisant le bonheur des ménagères et des petites bourses. Les subsahariens ne sont pas en reste ; des cordonniers maliens aux vendeurs nigériens de talismans et de toutes sortes de baumes ont ajouté à l'effervescence bigarrée des ruelles restées désertes plus de 15 jours. La circulation routière a repris son cycle effrénée d'embouteillages aux carrefours du centre-ville, notamment celui du Dr Merghoub et de Merakchi. Pour le profane de passage dans la ville, pour peu qu'il évite la vieille ville et sa place du marché, il ne se rendra jamais compte que de graves affrontements ont eu lieu dans cette ville. Il faut aussi préciser que même si toutes les forces antiémeutes venues de Khenchela, Bouira, Annaba, Laghouat, Djelfa et d'ailleurs sont toujours là sur la qui-vive, le dispositif en ville a été allégé, alors que dans les quartiers de Baba Saâd, Hay El Moudjahidine, Souk Lahtab, et Souk Ledjraïd, des éléments de la gendarmerie nationale et de la police sont toujours postés sur les terrasses, s'interposant entre les deux communautés, prêts à intervenir au moindre pépin.