Un appel sera lancé à tous les commerçants algériens pour se solidariser avec leurs homologues de Ghardaïa. Et si Abdelmalek Sellal ne prêchait finalement que dans le désert ? Au lendemain de la réunion tenue à Alger avec des "représentants" des deux communautés ibadite et malékite à l'effet de trouver une issue à la crise qui a secoué la ville de Ghardaïa, théâtre de violents affrontements entre les deux communautés, les Mozabites ont décidé de "répondre" au plan Sellal en maintenant la poursuite de la grève des commerçants, entamée il y a une quinzaine de jours. Selon Hamou Mesbah, responsable fédéral du FFS, joint hier par téléphone, la cellule de suivi et de coordination des événements de Ghardaïa, "seule habilitée à parler au nom des M'zab", nommément cités et plébiscités par les notables, la aâyanes et les citoyens mozabites de la vallée du M'zab, composée de quatre membres dont Babbaz Khodir, défenseur des droits de l'Homme, Sioussiou Mustapha, responsable de la commune de Ghardaïa de l'Union générale des commerçants algériens (UGCAA), Baba Oumoussa Mustapha, porte- parole de la fédération locale du FFS, et Chkabkab Baba, représentant des aâyanes de la vallée du M'zab, a décidé également d'interdire, aujourd'hui, date de reprise des cours, aux élèves de rejoindre les bancs de l'école pour des "raisons sécuritaires". En outre, un appel sera bientôt lancé à tous les commerçants algériens pour manifester leur solidarité avec leurs homologues de Ghardaïa. Cette série d'actions intervient au lendemain de l'annonce, par Abdelmalek Sellal, d'une série de mesures destinées à assoir la sécurité, la paix et la coexistence pacifique dans la ville de Ghardaïa. Parmi ces mesures figurent, notamment, la mise en place de comités de sages au niveau de chaque commune, la distribution de 30 000 parcelles de terrain et l'indemnisation des commerçants dont les magasins ont été incendiés et saccagés, ainsi que la restauration des maisons détruites, au nombre de 96. Mais ces mesures ne semblent pas satisfaire la communauté mozabite. "Ces mesures tombent à l'eau !" assène Hamou Mesbah. Peu de temps avant lui, dans un communiqué parvenu à la rédaction, le défenseur des droits de l'Homme, Kamel Eddine Fekhar, a exigé des "excuses officielles de la part de l'Etat algérien" et demandé à ce que "les criminels, quels que soient leur rang, soient sanctionnés", ainsi que la libération des Mozabites arrêtés. Pour cet ancien responsable du FFS pour qui les Mozabites "ne reconnaissent pas les représentants reçus par Sellal" et rejettent la proposition de distribution des terres, "propriété des Mozabites", le problème est "l'implication de la police dans la violation des domiciles et des commerces, ainsi que la profanation des cimetières Ammi-Saïd et Cheikh-Baba-Salah". Une sortie qui ne semble pas faire l'unanimité au sein de la communauté mozabite pour qui Fekhar est perçu comme "un aventurier politique". "Je défie quiconque pouvant discuter de cette crise et capable de faire rouvrir le moindre magasin en dehors des membres composant cette cellule. Ce sont les seules et uniques personnes mandatées par la communauté mozabite de Ghardaïa pour parler en leur nom. Toute autre intrusion dans le débat ne serait que de l'imposture", soutient Hamou Mesbah dans une allusion à Fekhar. Selon des sources locales, des discussions en catimini sont menées conjointement entre l'actuel wali, l'ancien wali de Ghardaïa et des représentants des deux communautés pour trouver une solution pérenne à cette crise qui porte un grave préjudice à l'économie locale et à la paix, à la sécurité et à la sérénité dans cette région aux traditions et à la culture spécifiques. K K Nom Adresse email