Partout, et dans les deux communautés, à tous ceux auxquels on s'est adressé, c'est le même rejet et quelquefois même une grosse déception par rapport à la position du gouvernement en général et l'initiative de Sellal en particulier. Ce n'est pas du tout sérieux ce qui est en train d'être mijoté à Djenane El Mithak, et ce, à moins que M. Sellal ne dispose de Khatem Souleymane. Je pense qu'il a, au contraire, incité à la radicalisation des positions des uns et des autres», estime Mustapha, sociologue très connu sur la place de Ghardaïa, ajoutant que «quand on est censé apporter des solutions à des problèmes aussi complexes, il est plus indiqué de s'adresser aux bonnes personnes, celles qui peuvent contribuer à leur recherche et qui ont un ancrage au sein de la communauté et non pas des touristes qui ont fait un saut de puce dans une résidence d'Etat et qui sont revenus le raconter comme ceux ramenant un trophée». Partout, et dans les deux communautés, à tous ceux auxquels on s'est adressé, c'est le même rejet et quelquefois même une grosse déception, comme celle exprimée par Aâmi Slimane : «Honnêtement, je pense que l'Etat est en train de faire le jeu des pyromanes, sinon comment expliquer le choix de la composante de la délégation reçue par Sellal. Sur quels critères ont-ils été choisis et qui les a mandatés ?» Puis, après un long soupir : «J'ai vraiment peur pour l'avenir de mes enfants et si cela continue, je suis prêt à tout vendre et changer de région, je n'ai pas le droit de mettre ma famille en danger ni même hypothéquer l'avenir de mes enfants.» C'est dire la gravité de la situation telle qu'elle se présente aujourd'hui. Un wait and see sans grande illusion, notamment après la radicalisation des positions de la communauté ibadite, qui a décidé, après un conclave de quelques heures, d'abord de poursuivre la grève illimitée des commerçants dans la commune de Ghardaïa, mais surtout et plus grave, et ce, à l'initiative des parents d'élèves, d'interdire à leurs enfants de rejoindre leurs classes à tous les niveaux de scolarité, que ce soit dans les écoles publiques ou privées. Un appel à tous les commerçants libres algériens à être solidaires de la grève des commerçants de la commune de Ghardaïa est aussi en gestation dans la cellule de coordination et de suivi, selon Hamou Mesbah, le fédéral du FFS de Ghardaïa. Rappelons que cette cellule constituée de 4 personnes mandatées par la communauté ibadite de Ghardaïa, composée de Babbaz Khoudir, défenseur des droits de l'homme, Siousiou Mustapha, responsable de la commune de Ghardaïa de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Baba Oumoussa Mustapha, porte-parole de la Fédération locale du FFS et Chkabkab Baba, représentant des Aâyane de la vallée du M'zab est la seule habilitée, selon le communiqué n°1 dont notre bureau de Ghardaïa détient une copie, à prendre toutes les décisions qui engagent leur communauté. Soulignons que suite au retour graduel de la sécurité et du calme dans la ville, les vendeurs informels qui avaient déserté les ruelles de la vieille ville sont revenus en masse étalant leur bric-à-brac partout. Même les cordonniers maliens et les vendeurs de gris-gris nigériens sont de retour. Mais le vieux marché reste tristement vide et les quelques touristes de retour du Grand Sud où ils ont passé les fêtes de fin d'année, de passage dans la vallée, ont été déçus de ne pouvoir faire quelques emplettes dans les célèbres échoppes du vieux ksar.