Les opérateurs algériens s'intéressent aux touristes polonais. Une délégation d'opérateurs polonais dans le domaine du tourisme visitera prochainement l'Algérie. Elle intervient dans le cadre de l'activité de la Chambre algéro-polonaise de tourisme, créée en décembre 2014 à Varsovie. Comme cité déjà dans nos colonnes (édition du 7 janvier 2014), la délégation polonaise devra se rendre dans plusieurs sites touristiques du pays, dans le but de développer le tourisme balnéaire, aussi bien d'hiver que de printemps, sachant que le tourisme en Algérie est centré surtout sur la saison estivale, qui va de juin à septembre. Comme d'habitude, c'est l'Office national du tourisme (ONT) qui est chargé de préparer l'«eductour» qui sera payé entièrement par les Algériens. Cette visite cadre-t-elle vraiment avec la stratégie de développement du secteur ? Pour répondre objectivement à cette interrogation, nous nous sommes intéressés de plus près au profil du touriste polonais et des marchés qu'il fréquente. En quelques années, les Polonais ont doublé leurs dépenses de vacances, mais leurs pratiques touristiques révèlent les grandes inégalités qui divisent le pays. Précarité oblige, plus de 50% des Polonais ne partent pas en vacances. 40% des Polonais passent leurs congés en Pologne, et seuls 10% d'entre eux partent en vacances à l'étranger. Les touristes polonais choisissent des hôtels où ils prennent surtout des formules All Inclusive, le tout compris. Le All Inclusive a été conçu pour être appliqué dans des stations balnéaires non urbaines avec des clubs de vacances, en bordure de mer, des établissements pieds dans l'eau, avec l'animation appropriée qu'il faut à la fois sur terre et nautique. Elle divise néanmoins profondément les professionnels du tourisme. Les raisons de cette désaffection ? Le fait que les touristes ne quittent pas leur hôtel, ce qui constitue une menace pour les autres activités commerciales liées au tourisme telles que les restaurants, les cafés et les lieux culturels (musées). En revanche, ceux qui la pratiquent dans leurs établissements y voient un phénomène de mode auquel il faut s'adapter. Officiellement, cet eductour a pour objectif majeur de positionner la destination Algérie parmi d'autres destinations. L'Algérie regorge d'atouts incontestables pour se disputer une place dans les marchés polonais et baltique. En 2010, environ 7,1 millions de Polonais ont voyagé à l'étranger. Aujourd'hui, le potentiel du marché polonais est dans la ligne de mire de deux des pays maghrébins les plus touristiques : la Tunisie et le Maroc. Tandis que le Maroc veut attirer 130 000 touristes polonais d'ici 2016, la Tunisie vise une hausse de 8 à 10% de la programmation des tour-opérateurs polonais en 2014, sachant qu'en 2013, les prévisions portent sur 90 000 voyageurs. Le ministère du Tourisme et de l'artisanat a-t-il arrêté des chiffres précis à atteindre, ou s'agit-il d'une opération de séduction sans plus-value ?