La Tunisie suscite l'intérêt de Fatiha Zemmamouche et de Othmane Lahiani. Ce couple de journalistes vient de publier deux essais très actuels aux éditions ANEP (Alger) sur ce pays voisin. Dans Tounès, halet thawra (Tunisie, cas de révolution) Othmane Lahiani revient sur les bouleversements politiques, idéologiques, sociaux et économiques en Tunisie après la chute de la dictature de Zine Al Abidine Benali-Leila Trabelsi le 14 janvier 2011. Il détaille les tiraillements nés entre différentes forces politiques de tous les bords et les tentatives de pousser le pays vers la violence. «Ce livre est le fruit de plusieurs séjours en Tunisie depuis l'éclatement de la révolte dans ce pays. J'étais présent à Sidi Bouzid le 23 décembre 2010, cinq jours après l'immolation de Mohamed Bouazizi. J'ai suivi l'évolution des événements jusqu'à l'effondrement du régime. Je me suis intéressé ensuite aux changements socio-politiques avec l'entrée sur la scène de la gauche et des islamistes. J'ai suivi les slogans qui étaient mis en avant, mais également l'élection de l'Assemblée constituante», a expliqué Othmane Lahiani, journaliste à KBC, la nouvelle chaîne TV d'El Khabar. Othmane Lahiani a suivi de près la subite apparition de la violence en Tunisie et la curieuse émergence de groupes salafistes. «La violence a évolué en assassinats politiques. Choukri Belaïd a été tué en février 2012. Depuis, la gauche et les islamistes ont engagé un bras de fer qui se poursuit toujours. J'ai expliqué tout cela dans le livre et j'ai tenté d'établir des prévisions. Je suis optimiste sur la réussite de la transition démocratique en Tunisie», a-t-il relevé. Selon lui, les éléments de cette réussite sont : une société civile forte, des syndicats de journalistes et de juges puissants, un niveau d'instruction élevé et des forces politiques bien outillées. «La société tunisienne est pacifique. Elle refuse toute forme de violence», a-t-il insisté. Contestations Son épouse, Fatiha Zemmamouche, a analysé dans Al hirak al ijtimai fi tounès min khilal al sahafa al jazairia, le mouvement social tunisien à travers les écrits de la presse algérienne. «J'ai couvert plusieurs événements en Tunisie depuis la révolte de 2011 jusqu'à aujourd'hui. De plus, pour la préparation de mon magistère, j'ai choisi le thème des contestations populaires dans les pays arabes en axant sur le cas tunisien. J'ai fait une étude sociopolitique sur la situation en Tunisie. L'université algérienne manque de beaucoup d'études de ce genre», a relevé Fatiha Zemmamouche. Elle envisage de poursuivre ses études sur la même thématique en s'intéressant également au Maroc, à l'Egypte et à la Syrie. Selon elle, la contestation sociale est partout dans la région arabe. «En Algérie, durant ces deux dernières années, il a été constaté plus de 1500 formes de contestation populaire. Ce phénomène doit être étudié de près pour mieux comprendre ce qui se passe», a ajouté Fatiha Zamamouche.