Cette manifestation, consacrée essentiellement à un sujet d'actualité, à savoir « Le tarif de référence : quels enjeux pour la santé publique et pour l'économie nationale ? », a été organisée par le groupe Zed Pharm. Des médecins, des représentants de syndicats et du Conseil de l'ordre des médecins de la région de Constantine ont été également conviés à cette rencontre. Cependant, les responsables des ministères concernés, à savoir ceux du Travail et de la Sécurité sociale ainsi que ceux de la Santé, ont brillé par leur absence. Le docteur H. Zertal, président-directeur général du groupe Zed Pharm, a, d'ailleurs, tenu, dans son allocution d'ouverture, à dénoncer « l'indifférence des pouvoirs publics ». Le PDG de Zed Pharm, a déploré « Le manque flagrant d'informations sur ce dossier ». Etait, par contre, présent à ce séminaire, et ce, à titre individuel, le docteur Acheuk-Youcef Chawki, directeur de la CNAS à Mila. Dans son intervention, axée sur l'impact du tarif de référence sur les dépenses de la Sécurité sociale, le docteur Acheuk a expliqué que le tarif de référence en matière de remboursement des produits pharmaceutiques constitue, à n'en pas douter, la pierre angulaire de tout un processus de réforme du système de santé et de politique nationale du médicament. Pour lui, le pharmacien est le maillon principal dans ce processus. De l'avis du conférencier, au-delà du fait qu'il diminuera de manière substantielle la facture du médicament pour la Sécurité sociale, il permettra de booster l'industrie nationale du médicament. Concernant la question de savoir si cette démarche répond à un choix thérapeutique ou à une contrainte économique, le docteur Djenane, président de l'Ordre des médecins de la région de Constantine, a affirmé, chiffres à l'appui, qu'en Algérie, les dépenses en matière de santé ont atteint 105 milliards de dinars pour l'année 2005, dont 47 milliards de dinars au titre de remboursement du médicament. Néanmoins, les ressources étant limitées, il faut régulièrement établir des priorités et faire des choix. Pour le docteur Djenane, le recours aux médicaments moins onéreux constitue une option stratégique et l'effet du médicament générique est équivalent à celui du produit princeps car la molécule active est la même dans les deux cas, à la différence que l'un suscite la dépense, l'autre génère l'économie. Le médicament générique, 30% moins cher que le médicament original, constitue un élément important de la maîtrise des dépenses de santé. Des stratégies de remboursement forfaitaire des médicaments (prix de référence), calculé sur le prix du générique, sont adoptées dans plusieurs pays. Des chiffres et des appréhensions Quant à Mme Drif, pharmacienne à Rouiba, elle a énuméré et résumé les préoccupations des pharmaciens. Elle soulignera que ces derniers craignent la diminution de leurs chiffres d'affaires et la pression exercée sur le générique pourrait provoquer des pénuries. Selon ses dires, les pharmaciens sont inquiets quant au devenir de leurs stocks de médicaments princeps. Ils redoutent surtout les conflits avec la clientèle habituée à se voir délivrer des produits chers, sans rien payer. Dans ce cas de figure, les pharmaciens reprochent à la CNAS l'application d'une réforme en un laps de temps et sans concertation. Certains pharmaciens non conventionnés ne sont même pas au courant de ce nouveau système et, par conséquent, ils ressentent le tarif de référence comme une contrainte ou une sanction, d'autant plus que les explications officielles sont arrivées en même temps que la mise en application du décret. Lors des débats, les pharmaciens ont interpellé beaucoup plus le représentant de la CNAS. A l'unanimité, ils ont soutenu qu'ils ne sont nullement contre le tarif de référence, mais ils appellent les producteurs nationaux et les importateurs du générique à se conformer à tous les contrôles exigés par la loi, notamment les études bios pharmaceutiques. « Nous ne sommes pas confiants quant aux essais effectués par les laboratoires de contrôle et qui permettent de certifier la bio-équivalence du produit. Il n'y a pas de transparence dans ce domaine. En ce qui nous concerne, nous sommes convaincus du bien-fondé de ces mesures, mais il est impérativement nécessaire d'arriver à un compromis qui ne lèse ni l'Etat ni le pharmacien », explique un intervenant. Un autre pharmacien n'a pas été tendre avec les pouvoirs publics qui, à son sens, ont fait dans la précipitation. « Nous passons notre temps à expliquer aux citoyens le but du générique, mais il reste que le client n'accepte pas parfois ces produits. En toute honnêteté, ni le médecin, ni le pharmacien et encore moins le malade n'a été préparé. Donc il y a eu des réticences à tous les niveaux », dira-t-il. D'autres participants n'ont pas, toutefois, apprécié l'attitude de leurs collègues qui, selon eux, se soucient uniquement de leur chiffre d'affaires et de la marge bénéficiaire, négligeant ainsi un élément essentiel : le malade. Pour tenter de rassurer les pharmaciens, le docteur Acheuk est intervenu pour éclairer l'assistance sur la politique des pouvoirs publics et l'objectif visé à travers l'application de ces mesures. Il s'est engagé à transmettre les inquiétudes des pharmaciens aux concernés, et ce, afin de régler tous les problèmes auxquels ils sont confrontés. Lors de ce séminaire, nous avons appris la création prochaine de l'agence du médicament qui aura pour rôle de faire face aux lobbies du médicament et aux problèmes qui se posent sur le terrain ou qui risquent de surgir dans l'avenir.