Alors que de nombreux médecins généralistes formés en Algérie chôment, d'autres émigrent à l'étranger. Le président du Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), Mohamed Bekkat-Berkani, a qualifié hier à Alger d'anormale la «prédominance du secteur privé, dans le domaine sanitaire, sur le public en Algérie. «Il y a une prédominance anormale du privé par rapport au public, lequel devrait réaliser près de 80% de l'activité sanitaire», a estimé M.Bekkat-Berkani dans une déclaration à la presse en marge d'une réunion ordinaire du conseil. Selon M.Bekkat-Berkani, la part du secteur privé (cabinets, cliniques et autres) ne doit pas dépasser les 20%. Sur sa lancée, il a appelé à améliorer l'état des établissements hospitaliers, qui n'arrivent plus, selon lui, à répondre à leur mission, ainsi que l'accueil des malades, qu'il juge «insuffisant». Cette insuffisance est due, selon le même intervenant, à la formation continue du personnel médical, paramédical et administratif, notant que de nombreux médecins généralistes formés en Algérie «chôment», alors que d'autres émigrent à l'étranger. Interpellé sur la grève des praticiens, le président du Conseil national de l'ordre des médecins a indiqué: «Nous sommes solidaires des deux syndicats. Nous leur avons apporté notre appui. Toutefois, la situation s'est détériorée et nous leur avons demandé de mettre fin à leur grève» a répondu le président du conseil. Sur un autre registre, il a indiqué que le conventionnement des médecins en Algérie n'en est qu'à ses débuts du fait que seule la wilaya de Annaba est concernée à titre expérimental par cette opération. Cette dernière est conçue comme étant une des pierres angulaires de la réussite de la mise en oeuvre de la carte Chifa, dont la généralisation au niveau national est fixée à 2012. A ce titre, le président du Conseil national de l'ordre des médecins algériens, le Dr Mohamed Bekkat Berkani a souligné que «le nombre des bénéficiaires de la carte Chifa s'élève à 12 millions dont 3 millions de cartes sont opérationnelles». S'exprimant au cours d'une réunion tenue hier à Alger, portant sur la situation de la santé en Algérie et les conflits sociaux, le Dr Bekkat a fait savoir qu'«il y a 600 médecins conventionnés en Algérie sur un total de 25.000 médecins généralistes et 8000 médecins spécialistes». Selon l'orateur, «ce nombre est insuffisant pour plusieurs raisons, entre autres, les tarifs de consultation qu'il faut revoir». A ses yeux, «les tarifs des consultations médicales doivent être évolutifs». Plus explicite, il précisera que «500 DA à 650 DA la consultation, celle-ci fera bien l'affaire». Il poursuivra, «s'ajoute à cela, le problème des tarifs de références. Ces tarifs, ont été fait sans consulter les médecins, or c'est au médecin prescripteur que le Code de déontologie préserve le droit de prescrire les médicaments». Par ailleurs, et en ce qui concerne les plaintes ayant été déposées par des patients contre des médecins, «leur nombre s'élève à 650 plaintes au niveau national entre 2008/2009», a-t-il indiqué. Sur un autre registre, le président du Conseil national de l'ordre des médecins algériens a réaffirmé sa position au sujet de la grève ouverte des médecins généralistes et spécialistes, entamée depuis quatre mois. A ce propos, il dira: «Nous apportons notre appui à nos confrères car il s'agit de revendications légitimes. Nous avons même proposé notre médiation entre nos confrères et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière dont nous attendons une suite à notre proposition.» Et d'enchaîner: «Nous avons demandé à nos collègues les grévistes de reprendre le travail car notre Conseil est un organe de moralité professionnelle sachant que le combat syndical est très long, donc il peut se permettre de faire des pauses. La moindre des choses est d'envisager des conciliations.»