De par sa profondeur pélagique et son incroyable densité, l'œuvre de Kateb Yacine continuera, autant que la vie, à susciter, comme pour un texte sacré, une pléthore d'interprétations, dans lesquelles chacun perçoit ce qui l'obsède. Quatre colloques successifs dédiés à l'homme et à son œuvre ont à peine permis de prendre conscience de toute la portée d'un texte majeur, inspiré, fascinant, dont le génie a aujourd'hui largement dépassé les frontières. L'association «Promotion tourisme et action culturelle» de Guelma récidive, heureusement, après de nombreuses difficultés, surtout d'ordre financier, en relançant le 5e colloque international sur Kateb Yacine, qui se tiendra à Guelma au cinéma En Nasr (ex-Arela), du 15 au 18 janvier, autour du thème : «Kateb Yacine : langue(s), arts et révolution». Le président de l'association, Ali Abbassi, adresse à ce propos une requête à la ministre de la Culture pour l'institutionnalisation de ce colloque. «Eu égard à l'ampleur prise par ce colloque dédié à un géant de la littérature universelle et l'engouement manifesté par la communauté estudiantine de lettres françaises et des intellectuels de tous les horizons, il serait vraiment utile pour le pays de l'institutionnaliser», plaide-t-il. Par ailleurs, cette édition sera rehaussée par une session spéciale Jacqueline Arnaud (1934-1987), en hommage à sa mémoire. Rappelons que cette dernière consacra sa vie à la littérature nord-africaine d'expression française, dont de grands auteurs algériens et maghrébins. Elle fut absolument fascinée par Kateb Yacine, qu'elle suivit à la trace, collectant scrupuleusement un nombre impressionnant de ses textes qu'il essaimait négligemment sur ses passages, et qu'elle réunira sous le titre L'œuvre en fragments. Plus de trente conférenciers, d'Algérie, Pologne, France, Liban, Tunisie, Maroc, Côte d'Ivoire, d'Egypte et Corée du Sud participeront à ce 5e colloque. Relevons la présence du célèbre poète égyptien et rédacteur en chef du journal Al Ahram, condamné par les Frères musulmans pour ses idées progressistes, de la chef de département de français de l'université de Beyrouth, Dina Hamdane, dont la thèse de doctorat porte sur Kateb Yacine, et de celles d'éminents spécialistes de la littérature maghrébine dont, entre autres, Charles Bonn, Habib Tengour, Marc Gontard, Zineb Ali Benali, Benamar Mediene (France), Abderrahmene Tenkoul et Abdallah Mdarhi Allaoui (Maroc), Farida Boualit et Lakhdar Maougal (Algérie), Sami Merzougui et M'henni Mansouri (Tunisie). Par ailleurs, le comité scientifique chargé de la préparation du colloque, en coordination avec l'écrivain tunisien M'henni Mansouri, a décidé de la création du prix littéraire Kateb Yacine de la ville de Guelma. Pour cette édition, il y aura trois prix pour la poésie de langue française, par ordre de mérite, attribués comme suit : le Kateb d'or (2500 euros), le Kateb d'argent (2000 euros) et le Kateb de bronze (1500 euros). Il a été installé également deux commissions : le jury du roman et le jury du prix spécial. Des hommages seront également rendus à plusieurs illustres participants. Le dernier jour du colloque, les invités effectueront un circuit «Sur les traces de Saint Augustin», et un pèlerinage aux Pénates du Keblouti, à Aïn Ghrour.