Miné par des divisions claniques, le FLN est plus que jamais partagé sur le choix de son candidat pour la présidentielle d'avril prochain. Amar Saadani ne lâche rien. Le très contesté secrétaire général du FLN a clôturé, hier, le cycle des shows visant à plébisciter Abdelaziz Bouteflika pour un quatrième mandat à la tête de l'Etat. Ce qui devait servir de tribune à Amar Saadani a finalement tourné… court. Devant des centaines de personnes, censées être des élus de son parti, le secrétaire général du FLN a plié l'affaire en 10 minutes. Un temps record. Et en plus des intermittences créées par des cris des présents et des chansons à la gloire de «celui qui a rendu sa dignité à l'Algérie», le discours de Amar Saadani a été perturbé par un invité surprise. L'arrivée inopinée de Abdelaziz Belkhadem, ancien secrétaire général du FLN, a créé une cohue indescriptible dans la tribune. Alors que Saadani parle de «soutien pour un quatrième mandat», l'ancien secrétaire général, flanqué de quelques gardes et des proches, fait irruption sous des cris «Belkhadem, Belkhadem…». «Je suis venu soutenir un quatrième mandat à Abdelaziz Bouteflika», a lâché l'ancien Premier ministre à l'adresse de quelques journalistes. Sans plus. Et l'homme quitte précipitamment les lieux avant que l'actuel secrétaire général ne s'en aille. Que vient faire Belkhadem dans ce meeting ? «Il vient ravir la vedette à Saadani», disent certains confrères. «Certains veulent saboter la fête. Nous leur disons que notre décision est prise : notre seul candidat est Abdelaziz Bouteflika !», s'écrie Saadani sous les vivats de la foule, massée dans un chapiteau placé dans les jardins du Complexe olympique Mohamed Boudiaf. «Des chargés de mission» En dehors de cet imprévu, Amar Saadani a fait l'essentiel. Il a rappelé que «Abdelaziz Bouteflika est le candidat du FLN» pour l'élection présidentielle d'avril prochain. «Nous réitérons, ici devant vous, notre appel au moudjahid Abdelaziz Bouteflika pour se porter candidat à nouveau à un mandat présidentiel», a-t-il lancé. «Si nous sommes ici, c'est pour Abdelaziz Bouteflika», a-t-il encore insisté. «Je considère que votre présence, en masse, est synonyme d'un plébiscite pour Abdelaziz Bouteflika», appuie Saadani. L'homme le rappelle avec insistance comme pour mieux montrer son soutien indéfectible au chef de l'Etat. Et les redresseurs ? «Certains s'agitent en dehors des structures du parti. Laissez-les ! Ce sont des chargés d'une mission qui se terminera en avril prochain», a-t-il attaqué. «Préparez-vous à lancer la campagne de la victoire dès la convocation du corps électoral», a-t-il recommandé à l'adresse des élus. Amar Saadani ne revendique plus la révision de la Constitution avant l'élection présidentielle. Mais il n'abandonne pas le projet. «Nous demandons toujours la révision de la Constitution, même s'il revient au président de la République d'en décider le moment», a indiqué Saadani. «Nous avons déjà fait connaître nos propositions à la commission Bensalah», a-t-il ajouté. «La Constitution, une prérogative du Président» Avant l'entame du discours de Saadani, des centaines de citoyens affluaient de partout. Des jeunes et des personnes de tout âge sont venus remplir la salle. Les bus, qui portent des immatriculations de plusieurs wilayas du pays garnissaient les parkings du complexe olympique. Difficile dès lors de distinguer les vrais élus des autres. Et des profils de certains présents, comme ces jeunes couples se tenant par la main et portant des badges «élus», ou ces personnes âgées venues de Kabylie, sont éloquents de la persistance des méthodes du FLN. Mais les responsables de l'ancien parti unique ne se soucient ni des détails ni des formes. Ils ont fait leur spectacle entamé d'ailleurs sur des rythmes de bendir. Pour le reste, Saadani a passé un message. Il est l'un des rares à croire encore que Bouteflika sera candidat à sa propre succession. Quoiqu'au pays des miracles, tout reste possible. Force est d'admettre que le FLN est traversé par une crise qui met à nu des divergences profondes sur le choix des candidats du parti.