Des capacités d'accueil saturées, un nombre d'enfants abandonnés toujours en hausse, des décisions de justice de placement presque quotidiennes, des prises en charge de plus en plus difficiles à supporter faute de moyens humains, matériels et financiers au diapason de la mission qui lui est impartie, la direction des affaires sociales de la wilaya n'en finit pas de comptabiliser les difficultés auxquelles ses centres et orphelinats sont confrontés. Des établissements rendus exigus par l'accueil imposé par les services de sécurité de mineurs ,filles et garçons, que leurs éléments interpellent lors des rafles et autres opérations de contrôle. Ces derniers mois, la situation vire à l'intenable, avec les arrivées, souvent nocturnes, de jeunes filles prostituées et garçons mineurs interpellés pour vagabondage et autres délits de droit commun. Elle se pose avec acuité au centre de jeunes filles assistées de l'Elisa. La promiscuité fait le reste. Hier, soumises à une rigoureuse discipline dans leur comportement de tous les jours, les filles pensionnaires ont totalement changé leur façon de voir et de vivre à l'intérieur du centre. Mises au contact des prostituées, ces pensionnaires sont influencées par le mode de vie de leurs « invitées forcées » de plusieurs jours et nuits. « Notre établissement est un orphelinat, ce n'est pas un centre de rééducation. Les filles que nous accueillons provisoirement ont une très mauvaise influence sur nos pensionnaires. Cela s'est répercuté sur la discipline interne du centre . Parfois le placement provisoire se transforme en définitif », la déclaration est de Mme Mayouche, directrice des affaires sociales de la wilaya de Annaba. Elle englobe le placement dans les centres sous sa responsabilité des mineurs maraudeurs ou ayant commis des actes délictuels et les prostituées. Elle reflète également tout le risque que fait courir cette nouvelle charge aux pupilles de la nation filles et garçons. Trois à quatre filles prostituées sont provisoirement placées chaque nuit sur décision du juge des mineurs au centre de l'Elisa. En ce qui concerne les enfants fugueurs interpellés par la police et placés dans un des différents centres de la DAS, Mme Mayouche a précisé : « La majorité des fugueurs des deux sexes n'a pas de pièce d'identité. Nous arrivons après enquête à localiser leurs parents auxquels nous les remettons. Plusieurs fois, nous nous sommes retrouvés confrontés au refus catégorique des parents de récupérer leur fille fugueuse. Cela pose problème, car nous ne pouvons les remettre à la rue ni les accueillir compte tenu de la saturation des centres d'hébergement et d'encadrement », souligne la responsable locale de la DAS. Cette situation donne plus de consistance au projet de réalisation d'un Centre de rééducation spécialisé (CRS) pour la prise en charge des filles mineures fugueuses dont le nombre est en constante hausse. Initié par la même direction, il est en attente d'inscription et de concrétisation dans le cadre du programme quinquennal de développement. Actuellement, le seul centre de l'Elisa pour enfants assistés de 6 à 18 ans abrite 45 filles dont 30 âgées de moins de 18 ans.