Ils sont 21 000 nouveau-nés à avoir été abandonnés par leur mamans, des filles-mères, en Algérie de 1999 à 2006. Sur ce nombre, 2000 l'ont été en 2005. Seul changement, l'abandon dans la nature se fait de plus en plus rare. Ces naissances sont souvent le fruit de relations coupables en majorité entre jeunes célibataires. C'est le cas à Annaba, où la direction des affaires sociales est contrainte d'exclure du centre d'hébergement la mère célibataire. La procédure est appliquée 3 mois après que cette dernière eut donné naissance à son bébé. Ce faisant, elle est contrainte d'abandonner sa progéniture aux bons soins de la DAS. C'est sur ce dossier et sur celui du placement provisoire que administrateurs de ce secteur, sociologues et membres d'association d'assistance aux femmes en détresse, souhaiteraient débattre. Leur objectif est d'attirer l'attention des pouvoirs publics sur une éventuelle révision de la loi en matière d'enfants abandonnés. Selon des cadres de la DAS Annaba, qu'il soit réalisé par les filles-mères ou sur décision du juge des mineurs, le placement de ces enfants pose problème. Ils sont unanimes à reconnaître que le document signé par la fille-mère par lequel elle déclare abandonner provisoirement son nouveau-né, s'avère problématique. Pour ces cadres, il s'agit d'un abandon définitif. Ils argumentent le fait que pas une seule des filles-mères, ayant appliqué cette démarche, n'est revenue récupérer son enfant. « Il s'agit ni plus ni moins que d'un abandon définitif sur la base d'une fausse déclaration d'abandon provisoire. Cette déclaration nous interdit le placement de l'enfant dans une famille d'accueil. Cette procédure doit être impérative revue par les plus hautes institutions de l'Etat avec en arrière-fond, le seul intérêt de l'enfant abandonné », ont-ils précisé. Situation similaire en ce qui concerne les placements judiciaires censés être également provisoires des enfants. Rarement, ceux frappés par cette mesure sont récupérés par leurs parents. Au regard de la loi, ils ne peuvent être placés dans une famille d'accueil dans le cadre d'une kafala. Ils ne peuvent pas être récupérés par leurs proches. Quelque 70 d'entre eux sont pris en charge par la pouponnière El Moukaouama d'une capacité d'accueil de 50 lits. En moyenne, hebdomadairement, 3 à 4 enfants sont abandonnés. « Les moyens humains et matériels à notre disposition sont limités, d'où nos difficultés à maîtriser la situation des enfants actuellement dans notre structure gérée depuis sa création par la même équipe. Nous faisons parfois appel aux aides nourrices dans le cadre du filet social, car nous n'avons pas les moyens de recruter des nourrices. Nous avons une nourrice qui s'occupe de 10 bébés », avait tenu à préciser Mme Mayouche, directrice des affaires sociales de la wilaya de Annaba. Une particularité cependant avec la hausse d'enfants abandonnés par des filles mères originaires de plusieurs wilayas du pays y compris de l'Extrême ouest et du Sud. « Elles choisissent Annaba pour sa qualité de grande ville pour y accoucher dans l'anonymat et dans de bonnes conditions ».