Saipem aurait payé 197 millions de dollars de pots-de-vin via le «facilitateur» franco-algérien, Farid Bedjaoui, pour l'obtention de 11 milliards de dollars de contrats en Algérie. L'italien Eni veut se défaire des accusations de corruption pour l'obtention de contrats au profit de sa filiale Saipem en Algérie. Au-delà des démentis qui pleuvent régulièrement depuis que l'affaire a éclaté au grand jour il y a plus d'une année, la firme pétrolière invoque l'assistance de l'audit externe lequel ne serait pas parvenu à trouver la moindre preuve de l'existence d'une quelconque «activité illégale en Algérie». le communiqué de presse publié jeudi par le major est explicite à ce propos : «Le conseil d'administration a examiné les résultats d'un audit externe mené à la demande d'Eni à propos de ses activités actuellement sous le coup d'une enquête des autorités judiciaire.» Et d'ajouter que les résultats des investigations menées à ce jour ne révèlent «aucune preuve de conduite illégale ou de corruption de la part d'Eni, ni de l'existence d'intermédiaires pour la passation de contrats entre Eni et de tierces parties». Aussi et comme pour donner le change, les rédacteurs du communiqué de presse précisent qu'en ligne avec «l'esprit de coopération et de transparence cultivé par Eni», les résultats de l'audit seront mis à la disposition des autorités compétentes. La firme italienne rappelle aussi que sa filiale Saipem, clairement impliquée dans le scandale, a mené un audit similaire le 17 juillet 2013. Audit qui rappelons-le n'a apporté aucune preuve de versement de pots-de-vin. Ainsi, Eni précise qu'en conformité avec le principe d'autonomie de gestion de Saipem, entreprise cotée en bourse, l'entreprise mère continue à suivre le cours de l'enquête et à surveiller les actions et les activités de sa filiale. Une déclaration somme toute solennelle par laquelle le groupe italien veut se sortir du bourbier, d'autant que de sérieux doutes persistent quant à l'implication de son administrateur délégué Paolo Scaroni. Celui-ci déclarait en juillet 2013, dans les colonnes su quotidien italien Sole 24 Ore, qu'Eni entretenait de bonnes relations avec Sonatrach et que ses activités ne s'en trouvaient pas impactées par le scandale. Cependant, de nouvelles révélations ont précipité Scaroni au cœur de l'enquête. Ainsi, le site de l'Espresso publiait il y a quelques semaines les contenus de mails échangés entre un dirigeant de Saipem et Paolo Scaroni, où il était question d'une négociation et d'une rencontre informelle à Paris avec Chakib Khelil, alors ministre de l'Energie et des Mines. Des révélations que ne font que confirmer les aveux de l'ancien directeur de la division ingénierie et construction de Saipem, Pietro Varone, qui met en cause comme rapporté par la Reppublica Scaroni, affirmant qu'il était au courant des activités de Saipem. Selon l'enquête en cours, Saipem aurait payé 197 millions de dollars de pots-de-vin via le «facilitateur» franco-algérien, Farid Bedjaoui pour l'obtention de 11 milliards de dollars de contrats en Algérie et une partie de ces commissions ont été reversées à des membres du top management de Saipem et Eni sur des comptes à l'étranger. Les investigations touchent aussi Chakib Khelil qui, outre Paris, aurait eu des rencontres avec des Italiens à Vienne, Milan et Dubai. Celui-ci a d'ailleurs fait l'objet d'un mandat d'arrêt international puis retiré par les Algériens, et susciterait l'intérêt de la justice américaine. Paolo Scaroni a, quant à lui, été mis en examen par le parquet de Milan.