Abou Mossâb Zarkaoui a enfin été tué. Hormis les terroristes islamistes et leurs parrains, aucun homme censé ne pleurera ce criminel et surtout pas les Algériens qui n'oublieront pas qu'il est derrière l'enlèvement et l'assassinat de deux de leurs diplomates. Il restera pour l'histoire comme l'un des êtres les plus sanguinaires, à l'instar d'un Antar Zouabri ou d'un Djamel Zitouni. Censé diriger la résistance contre l'occupation étrangère, il a mené une guerre sans merci contre le peuple irakien, massacrant les ouvriers, les femmes et les enfants. Les attentats contre des endroits à forte concentration de population civile étaient sa spécialité. Par sa faute, l'Irak est au bord de la guerre civile. En effet, ce Jordanien a tout fait pour pousser à l'affrontement entre sunnites et chiites. Il a détruit des mausolées du chiisme très vénérés et qui étaient classés patrimoine de l'humanité. Il a dirigé des massacres contre les mosquées chiites, particulièrement lors de la prière du vendredi, poussant à des affrontements entre les deux populations et créant un climat de haine l'une vis-à-vis de l'autre. C'est un miracle si l'Irak n'a pas encore éclaté. Malheureusement, la mort de cet homme ne signifie pas la fin du calvaire du peuple irakien. Le Premier ministre britannique Tony Blair et le président américain George W. Bush avaient beau se réjouir jeudi, il n'en demeure pas moins que le problème de l'Irak reste entier. D'expérience, on sait que la disparition d'un chef terroriste n'arrête pas la violence islamiste. Celle-ci n'est pas près de disparaître et, jusqu'à maintenant, aucune politique sérieuse pour juguler le phénomène n'a été élaborée. En envahissant le pays, les Américains ont fait de graves erreurs qu'une superpuissance n'avait pas le droit de commettre. Non seulement ils ont donné un second souffle au terrorisme islamiste et des prétextes à tous ceux qui rêvent de créer des Etats théocratiques, mais ils ont surtout réveillé des irrédentismes que rien en apparence ne peut faire reculer. Lors de la première invasion déjà, le Kurdistan s'est autonominisé. Aujourd'hui, des franges chiites et sunnites aspirent à créer leurs propres Etats. La machine paraît en marche vers ce but et Washington fait preuve d'une grande impuissance face à ce péril. Mort de Zarkaoui ou pas, le pays de la plus ancienne civilisation du monde n'est pas près de connaître le bout du tunnel.