L'ex-coordinateur du Front de libération nationale (FLN), Abderrahmane Belayat – qui affirme l'être toujours en déniant le poste de secrétaire général à son tuteur actuel, Amar Saadani – a introduit avant-hier une demande auprès du ministère de l'Intérieur pour la tenue d'une session extraordinaire du comité central (CC). L'objectif, évidemment, est la destitution de celui qui est considéré désormais par la majorité des membres de l'instance délibérante comme illégitime à la tête du parti. De sources concordantes, les adversaires d'Amar Saadani ont réuni le quorum, voire plus ; ils ont largement dépassé les deux tiers des membres du CC que requiert la procédure de destitution du secrétaire général du parti. Plus de 230 membres ont adhéré à la démarche. Il ne manquerait donc que le quitus du ministère de l'Intérieur pour mettre la machine anti-Saadani en branle. Selon les mêmes sources, une fois l'autorisation obtenue, Abderrahmane Belayat convoquera une session extraordinaire du CC dans les huit ou quinze jours qui suivront, comme le stipule le règlement du parti en pareille situation. Mais les contestataires de Amar Saadani pourraient ne pas élire, lors de cette session extraordinaire du CC, un nouveau secrétaire général et opteraient, selon nos informations, pour une direction collégiale composée d'environ 25 membres qui éliront à leur tour un coordinateur du parti en attendant la tenue, dans 10 mois, d'un congrès national. Seulement le FLN, qui constitue un enjeu de taille dans l'élection présidentielle du 17 avril prochain, doit se positionner entre temps en vue de cette échéance, surtout maintenant qu'un de ses militants et néanmoins ancien secrétaire général et candidat à l'élection présidentielle de 2004 a officialisé sa candidature à la magistrature suprême le 19 janvier. Sachant que ce dernier compte beaucoup de fidèles au sein des instances dirigeantes et de larges soutiens au niveau de la base, d'aucuns se demandent si la session extraordinaire du comité central serait à même de recoller les morceaux d'un parti profondément divisé et secoué par une grave crise depuis une dizaine d'années. Des informations recueillies auprès des opposants à Amar Saadani expliquent qu'un compromis aurait été trouvé entre les différentes factions. Les mêmes sources affirment que dans le cas où Abdelaziz Bouteflika présentait sa candidature pour briguer un quatrième mandat, le FLN ne pourrait que soutenir son président organiquement parlant. Nous avons posé alors la question à nos interlocuteurs : et si le chef de l'Etat sortant n'était pas le président du parti, quelle serait leur position ? Leur réponse : «Ça aurait été une autre paire de manches.» Ils ajoutent que dans le cas où Abdelaziz Bouteflika annoncerait son retrait de la vie politique, le parti consoliderait sa position et étudierait les options qui se présenteraient à lui. Et parmi ces éventualités, indique un membre du CC, il y a bien évidemment celle concernant le candidat Ali Benflis. Pour l'instant, rien n'est encore tranché tant le silence imposé par le locataire d'El Mouradia sur son avenir rend les perspectives politiques du pays opaques et floues. Quid du secrétaire général du FLN déchu le 31 janvier 2013, Abdelaziz Belkhadem ? Bien qu'il ne manque pas de manœuvrer ces derniers temps pour revenir au devant de la scène, nos sources soutiennent que son agitation est une tempête dans un verre d'eau. L'islamo-conservateur, indique-t-on, n'a pas été dégagé pour qu'on lui ouvre les portes de nouveau alors qu'il est à l'origine de tous les maux du parti, en introduisant le loup dans la bergerie. Selon nos interlocuteurs, c'est Abdelaziz Belkhadem qui a permis l'irruption de l'argent sale en politique et surtout au FLN.