La 2e Journée médicochirurgicale organisée, lundi dernier, par le SNPSSP à Tizi Ouzou, a été l'occasion pour les praticiens spécialistes de la santé publique de rappeler que « la lutte et la prévention contre l'ingestion par les enfants de produits caustiques nécessitent la mobilisation des nombreux segments de la société ». Selon le docteur Aït Amara, « la moyenne d'âge des enfants, en grande partie des garçons, admis au service de réanimation est inférieure à 5 ans ». Parfois, il s'agit de tentatives de suicide chez les grands garçons ou d'infanticides et le produit le plus courant reste l'acide. « Au service de réanimation, près de la moitié des patients admis sont des enfants ayant ingéré des produits caustiques », indique-t-on, précisant que « lorsqu'il s'agit de filles, souvent le produit mis en cause est l'olivette (entrant dans le conditionnement domestique des olives) ». Plus grave encore, à l'instar de l'olivette, les produits dangereux souvent non ou mal étiquetés et leur absorption provoque parfois des nécroses, apprend-on. Le docteur Amireche, psychiatre, explique que « le recours à l'acide lors des tentatives de suicide signe la détermination du sujet vis-à-vis de la mort. C'est un acte déterminé par des considérations culturelles ». « Il ne faut pas lâcher le malade mais le prendre en charge du point de vue psychopathologique », recommande-t-il à l'assistance. Le docteur Abrous, lors de sa communication, a insisté sur « l'interdiction de faire vomir l'enfant, lui faire un lavage gastrique ou le nourrir après ingestion de ces produits dangereux contre lesquels il n'existe aucun antidote ». Il faut, recommande-t-elle, rincer la peau ayant eu un contact avec le produit, laver la bouche, observer un jeûne strict et évacuer sans tarder l'enfant vers un service hospitalier. La seule prévention possible est la législation portant sur les normes de fabrication et faire en sorte que ces produits aient une ouverture sécurisée et deviennent non agressifs. L'éducation des enfants et des parents est le second axe de la prévention, d'autant plus que, selon les médecins spécialistes, l'ingestion de ces produits est très fréquente (cas d'urgence) et laisse de graves séquelles. Lors des débats, il a été suggéré la prise en charge multidisciplinaire de ces cas et la création des centres spécialisés, car pour l'heure, les cas les plus graves sont transférés à l'étranger. Par exemple leCHU de Tizi Ouzou est dépourvu d'appareils d'endoscopie (l'exploration se fait dans deux établissements privés) et l'œsophagoplastie (chirurgie de reconstruction des tissus de l'œsophage endommagés) ne se fait pas à Tizi Ouzou, révèle un intervenant.