Les médecins de la santé publique renouent avec les manifestations publiques, en organisant, hier, un rassemblement dans l'enceinte du centre hospitalo-universitaire Mustapha Pacha. Répondant à l'appel de l'intersyndicale des praticiens de la santé publique, qui regroupe le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) et le Syndicat national des praticiens spécialistes de santé publique (SNPSSP), une foule nombreuse s'est réunie, dès 11h, autour de la placette de la structure, afin de « prouver » aux autorités qu'en dépit du gel de leur grève, la mobilisation et la contestation sont toujours de mise. « Les médecins présents étaient plus de 1000. Ils sont venus en grand nombre, de l'Est et de l'Ouest, puisque ce sit-in était le seul tenu à l'échelle nationale », relate le docteur Mohamed Yousfi, président du SNPSSP. La manifestation, contrairement aux rassemblements précédents, s'est déroulée dans le calme et le silence le plus total, signe de « deuil » pour la mise à mort du système de santé publique, « voulue et exécutée par les pouvoirs publics, en premier lieu le ministère de la Santé », déplore le Dr Yousfi. Point de slogans ou de chants donc, à peine quelques pancartes brandies ça et là par les manifestants, mais aussi et surtout des brassards noirs, arborés par l'ensemble des praticiens depuis la reprise de leurs activités. Après avoir effectué trois fois le tour de l'hôpital, toujours dans le silence, les praticiens se sont dirigés vers le portail de l'établissement, qui débouche sur la place du 1er Mai. Celui-ci, quadrillé par un impressionnant dispositif de sécurité, sera précipitamment fermé par des brigades antiémeute, afin de contrer toute tentative de marche. Toutefois, les manifestants « pacifiques » se sont contentés de s'asseoir, une demi-heure durant, à même le sol, devant « les portes fermées, afin de crier haut et fort notre déception quant aux différentes réactions de la tutelle, dont nous n'avons reçu aucun signe depuis nos réunions de ‘'non-conciliation'' », rappelle le président du SNPSSP. « Nous sommes tout simplement scandalisés par les mesures répressives dignes de l'Union soviétique décidées par les autorités. D'ailleurs, plusieurs médecins ont eu à déplorer des retenues sur salaire, qui s'élèvent parfois à plus de dix jours, et ce contrairement à la réglementation », de s'indigner celui-ci. Les praticiens de la santé publique, qui affirment être déterminés et plus que jamais mobilisés, tiendront des réunions lundi, afin de décider du nouveau contour que prendra leur mouvement de contestation, et dans le but d'arrêter un nouveau programme des manifestations à tenir.