Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) opte officiellement pour le boycott de la prochaine Présidentielle. Son conseil national, réuni hier à Alger, vient de trancher la question après près de trois heures de débats. «Le conseil national vient de voter, à l'unanimité, pour le boycott de la Présidentielle du 17 avril prochain», affirme Athman Mazouz, chargé de communication au RCD, à l'issue de cette réunion, précisant que «des actions seront annoncées, aujourd'hui, dans le cadre des résolutions du conseil national du parti». Tout en décidant de boycotter le prochain scrutin, l'instance suprême du parti, entre deux congrès, maintient, toutefois, le processus de concertation engagé avec les partis politiques de l'opposition. «Les concertations avec les partis politiques sont maintenues», assure encore Athman Mazouz. Cette position du RCD était prévisible. Et son président, Mohcine Belabbas, avait donné le ton dès l'ouverture des travaux de cette réunion. Dans son discours, il avait rappelé d'abord toutes les exigences du parti pour l'organisation d'une élection libre et transparente. «Nous avons déjà débattu de notre vision sur ce que doit être une élection dans un pays comme l'Algérie. Nous avons été entendus et suivis. Nous nous sommes donné rendez-vous pour évaluer la situation en fonction des réponses qui seront réservées à notre demande de redonner la parole au peuple», lance-t-il. Les demandes du RCD qui ont été «adoptées par d'autres partis ont été tout simplement ignorées». «Le conseil national doit se prononcer aujourd'hui (hier, ndlr) sur ce scrutin en fonction des procédés qui ont présidé à sa conception, sa préparation et ses résultats annoncés. La demande du RCD de dessaisir le ministère de l'Intérieur de la gestion des élections et l'institution d'une commission de gestion permanente et autonome, à l'instar de ce qui se fait chez nos voisins, bien qu'ayant été reprise par plus de 40 partis politiques et autres personnalités, a été ignorée et rejetée», déplore-t-il. Poursuivant son analyse, le leader du RCD estime que le prochain scrutin ne sera qu'«une tromperie de plus». «La prochaine Présidentielle, censée consacrer une rupture avec les pratiques frauduleuses en cours depuis 1962 (…), est encore compromise. Le flou et l'opacité qui ont prévalu durant toute cette période sur la Présidentielle d'avril 2014 est un signe de plus sur le refus de l'alternance déjà consacré à travers le viol de la Constitution en 2008. L'élection de cette année n'est rien d'autre qu'une tromperie continuellement reproduite», martèle-t-il. Mohcine Belabbas fait, dans ce sens, le lien entre la dernière hospitalisation du chef de l'Etat à l'hôpital français du Val-de-Grâce et sa volonté de briguer un mandat supplémentaire. «Ce sont les médecins d'une puissance étrangère – dont le Premier ministre, récemment gratifié de contrats scandaleusement préjudiciables pour l'Algérie, a commis un faux témoignage envers le peuple algérien –, qui délivreront le certificat médical attestant des capacités physiques et mentales du candidat du système», soutient-il. Et de préciser que la maladie du président Bouteflika «n'a fait qu'aggraver l'état de convalescence politique dans lequel est rentré le pays depuis sa première admission dans le même établissement en 2005».