Le RCD est la première formation politique à boycotter officiellement le rendez-vous électoral d'avril prochain, qualifié par son président, M. Belabbas, de "tromperie continuellement reproduite". C'est le premier grand "couac" de la présidentielle du 17 avril prochain. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) ne prendra pas part au scrutin dont les résultats sont, selon son président, Mohcine Belabbas, "annoncés". La décision a été prise, hier, à l'occasion de la sixième session du conseil national du parti, tenue au Musée du Moudjahid, à Alger. "Les 256 membres du conseil national ont décidé à l'unanimité de boycotter la prochaine présidentielle", a annoncé le secrétaire national chargé de la communication, Athmane Mazouz, lors de la pause-déjeuner, dès la mi-journée. "Des actions seront décidées ultérieurement et nous maintenons toujours le contact avec nos partenaires du Groupe des 19", a-t-il précisé. Il faut dire que la décision était dans l'air. Depuis quelque temps déjà, les responsables du parti ne manquent aucune occasion pour fustiger l'absence de volonté, chez le régime, de réunir les conditions d'une compétition loyale. Et dans son allocution d'ouverture prononcée hier au début des travaux de l'instance suprême du parti, le président du RCD a planté le décor en qualifiant le scrutin d'avril 2014 de "tromperie continuellement reproduite". "L'échéance de l'élection présidentielle censée consacrer une rupture avec les pratiques frauduleuses en cours depuis 1962 par une légitimation populaire du pouvoir, qui en appelle à un scrutin libre, est encore une fois compromise", a-t-il déploré. Le président du RCD avance plusieurs raisons pour motiver son scepticisme sur le déroulement et l'issue de la prochaine présidentielle. "La demande du RCD de dessaisir le ministère de l'Intérieur de la gestion des élections et d'instituer une commission de gestion permanente et autonome, à l'instar de ce qui se fait chez nos voisins, bien qu'ayant été reprise par plus de 40 partis politiques et autres personnalités, a été ignorée et rejetée", a-t-il souligné. "Le flou et l'opacité, qui ont prévalu durant toute cette période sur la présidentielle d'avril 2014, est un signe de plus sur le refus de l'alternance déjà consacré à travers le viol de la Constitution en 2008", a-t-il ajouté. "Ce sont les médecins d'une puissance étrangère — dont le Premier ministre récemment gratifié de contrats scandaleusement préjudiciables pour l'Algérie a commis un faux témoignage envers le peuple algérien — qui délivreront le certificat médical attestant des capacités physiques et mentales du candidat du système", a-t-il encore dénoncé. Conclusion de M. Belabbas : "L'élection de cette année n'est rien d'autre qu'une tromperie continuellement reproduite." Le RCD est la première formation politique à boycotter officiellement le rendez-vous électoral d'avril prochain même si, il y a quelques jours, le leader du Parti pour la justice et le développement (PJD), Abdallah Djaballah, a appelé tous les acteurs politiques à laisser l'actuel président et potentiel candidat à sa propre succession à concourir seul. Reste à savoir si d'autres partis, notamment ceux du Groupe des 19, à leur tête le MSP qui organise aujourd'hui son madjliss echoura pour se positionner définitivement sur la présidentielle, vont emboîter le pas au RCD. Même le Front des forces socialistes (FFS) pourrait grossir bientôt les rangs des partisans du boycott de la prochaine échéance. À l'occasion d'une journée parlementaire sur les transitions démocratiques organisée début janvier, Ahmed Bettatache avait soutenu : "Tout indique que le prochain rendez-vous présidentiel sera fermé car le pouvoir est de nature fermé." "C'est de la naïveté et de l'idiotie politiques que de croire en la possibilité d'une ouverture du champ politique en l'espace de trois mois pour la tenue d'un scrutin général, pluraliste, libre et transparent", a-t-il appuyé. Un discours qui préfigure un boycott du rendez-vous présidentiel par son parti. Il y a lieu de rappeler que le RCD a déjà boycotté les présidentielles de 1999 et de 2009. A. C. Nom Adresse email