Le conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) vient de réitérer des recommandations de prudence à l'Algérie, appelée à faire attention aux signes d'affaiblissement que laisse apparaître, depuis quelques mois, sa position financière extérieure. Après une première évaluation faite en novembre dernier par le chef de la mission du FMI, Zeine Zeidane, qui a mené en Algérie des discussions dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article IV, l'institution financière internationale confirme les conseils de vigilance adressés au gouvernement algérien pour les années à venir. L 'institution de Bretton Woods s'appuie sur un diagnostic qui – sans être alarmant dans l'immédiat, l'Algérie gardant une position financière extérieure «très forte» – insiste sur des recommandations de réajustement des dépenses en raison de la diminution des recettes tirées des exportations d'hydrocarbures. Le FMI constate notamment un déséquilibre qui s'accentue entre les revenus tirés des hydrocarbures et les dépenses consacrées aux importations du fait d'une consommation intérieure toujours en croissance. «Pour inverser le repli des exportations, il faudra accroître les investissements en vue de stimuler la production et adopter des mesures destinées à réduire la consommation intérieure d'hydrocarbures et diversifier les exportations», avait indiqué, à Alger en novembre, l'expert Zeine Zeidane. Un constat que le conseil d'administration du FMI vient de confirmer, axant sur «les risques auxquels l'Algérie pourrait faire face dans le cas où se prolongerait la baisse déjà enclenchée des prix du pétrole dans un contexte d'aggravation de l'environnement économique mondial, une pression supplémentaire sur la rente des hydrocarbures et une intensification des tensions régionales». Tout en notant que les performances économiques réalisées par l'Algérie en 2013 sont «satisfaisantes» avec une inflation «qui a ralenti considérablement» par rapport à 2012 grâce à la consolidation budgétaire et à une politique monétaire «prudente», l'institution de Bretton Woods préconise une «large réforme structurelle» pour accélérer la croissance économique et réduire davantage le chômage. Outre les vulnérabilités budgétaires, le FMI estime que la faiblesse de la compétitivité et de la productivité pèse sur la croissance économique, laquelle reste en deçà des potentialités et du niveau requis pour réduire sensiblement le chômage, en particulier celui des jeunes et des femmes. Sur ce point précis, l'institution suggère des réformes visant à accroître la flexibilité du marché du travail et à doter les demandeurs d'emploi de conditions leur assurant de «bonnes compétences». Par ailleurs, le conseil d'administration du Fonds affirme que le secteur financier algérien est «stable» mais «insuffisamment développé», ce qui limite l'accès au financement, en particulier pour les PME. Pour accompagner le développement du secteur financier, le FMI préconise de favoriser la concurrence dans le secteur bancaire, d'accélérer le développement des services de crédits, de développer le marché des capitaux, de revoir les mécanismes de garantie et de renforcer les mécanismes parant à l'insolvabilité. Par ailleurs, le FMI encourage, dans son rapport, l'Algérie à prendre des mesures en faveur d'une stabilité macroéconomique et financière, la viabilité budgétaire à long terme et la promotion d'un secteur privé fort pour assurer une croissance robuste et la création d'emploi. La contraction de la masse salariale, la suppression progressive des subventions, la réduction des exonérations fiscales sont encore réitérées par le conseil d'administration du FMI, qui prône aussi d'améliorer le climat des affaires, d'attirer les investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur des hydrocarbures et de mettre en œuvre rapidement les plans d'investissement de Sonatrach.