Le Fonds monétaire international (FMI) affiche des appréhensions quant à la position extérieure de l'Algérie laquelle «commence à donner des signes d'affaiblissement», selon Zeine Zeidane, conseiller au département Moyen-Orient et Asie centrale du Fonds. Bien qu'elle demeure solide, la position extérieure de l'Algérie «devrait être renforcée davantage, en boostant encore plus le secteur des hydrocarbures», préconise M. Zeine, qui dirige une mission du FMI en visite en Algérie depuis le 12 novembre courant. En raison de la diminution des exportations d'hydrocarbures et du dynamisme des importations, l'excédent des transactions courantes devrait baisser à 1,1% du PIB, prévoit la mission du FMI. Une telle position, tient à expliquer M. Zeine, est le résultat du fléchissement continu de la production d'hydrocarbures tandis que la consommation intérieure croit rapidement, «ce qui pèse sur les exportations», souligne-t-il. Pour inverser le repli des exportations, il faudra ainsi «accroître les investissements en vue de stimuler la production, et adopter des mesures destinées à réduire la consommation intérieure d'hydrocarbures et diversifier les exportations», suggère l'institution de Bretton Woods qui a, néanmoins, affiché sa satisfaction quant aux résultats économiques favorables réalisés en 2013. M. Zeine a, à ce titre, indiqué que l'inflation qui avait atteint 8,9% en 2012, a été ramenée à 4,5% en octobre dernier, et ce, grâce à la consolidation budgétaire et à une politique monétaire prudente. En termes de prévisions, la mission du Fonds monétaire international prévoit une baisse du produit intérieur brut (PIB) réel en 2013 pour s'établir à 2,7% contre 3,3% en 2012. Une baisse résultant du recul de l'activité dans le secteur hydrocarbures mais aussi de l'effet de la consolidation budgétaire. La mission du Fonds qui a salué la consolidation budgétaire réalisée en 2013 qui devrait aboutir à un budget équilibré pour cet exercice, après le déficit enregistré en 2012, n'a toutefois pas manqué d'afficher sa préoccupation quant à «la viabilité à long terme des finances publiques». Ainsi, selon l'ex-Premier ministre mauritanien, M. Zeine, «la consolidation budgétaire doit se poursuivre et viser à renforcer les recettes hors hydrocarbures, à maitriser les dépenses courantes et à maintenir l'investissement public, lequel revêt une importance cruciale pour la croissance». Selon la mission, qui a achevé hier sa visite en Algérie, l'adoption d'une règle budgétaire incluant un prix moyen du pétrole rétrospectif et établissant un plancher au solde structurel «pourrait aider l'Algérie à gérer la volatilité des recettes pétrolières imputable à la fluctuation des cours des matières premières, à imposer une discipline de dépenses et à préserver la viabilité à long terme des finances publiques», souligne M. Zeine selon qui «le non contrôle des dépenses publiques, à long terme, pourrait engendrer des conséquences négatives pour l'économie. Le taux d'endettement pourrait, ainsi atteindre 100% du PIB, à l'horizon 2050». En outre, la mission a mis l'accent sur le sous- développement du secteur financier bien qu'il soit «liquide» et «bien capitalisé». Selon le chef de la mission, «si le crédit à l'économie augmente rapidement, il demeure insuffisant pour répondre aux besoins des petites et moyennes entreprises». Il pense, de ce fait, qu'une plus grande concurrence et de meilleurs outils d'évaluation des risques de crédit pourraient inciter les banques à s'orienter vers les PME. Il propose ainsi aux autorités algériennes «de lever l'interdiction sur le crédit à la consommation et de développer un marché de crédit hypothécaire». Au sujet du crédit à la consommation, le représentant du FMI estime que ce type de crédit pourrait avoir un effet positif sur l'activité économique nationale, voire même sur les conditions de vie des ménages. Toutefois, il importe, selon lui, de veiller à surveiller le taux d'endettement des ménages mais aussi d'adopter des mesures macro-prudentielles pour éviter un taux d'endettement élevé. Interrogé sur le remboursement de l'argent prêté par l'Algérie au FMI, M. Zeine dira: «Jusqu'à présent nous n'avons pas effectué des décaissements sur les ressources de ce prêt». En octobre 2012, l'Algérie, faut-il le rappeler, a accordé un prêt de cinq milliards de dollars, soit 3,8 milliards d'euros au Fonds monétaire international. Sur un autre chapitre, la mission pense qu'il faut plus de «prudence» quant à l'évolution de la nominale de la masse salariale. «Nous avons également examiné le coût unitaire du travail et nous avons remarqué qu'il reste très élevé et que celui-ci a augmenté de manière très rapide. Il faut ainsi faire attention à ce que la compétitivité de l'économie ne soit pas détériorée par ces mesures (subventions, augmentations des salaires, etc.)», prévient M. Zeine. B. A.