- Quelle lecture fait le FFS de la sortie du secrétaire général du FLN contre le patron du DRS ? Saadani est un acteur politique et est responsable de ses propos. Quant à la place des services de renseignement et de l'institution militaire en général, il est tout à fait naturel que cette question soit posée à l'heure actuelle, même si d'autres questions méritent l'intérêt des Algériens comme par exemple le chômage, les problème d'éducation, de transport, de santé, d'énergie et surtout le coût de la vie. Pour revenir au DRS, il faut noter que ce n'est pas la première fois que ce service subi des restructurations. Reste à évaluer l'impact réel de ces restructurations sur la vie politique dans le pays. Les positions du FFS sur cette question sont connues depuis longtemps : le FFS est pour un débat apaisé sur cette question et pose le problème en termes d'institutions, de pouvoir et de système politique, de transition démocratique pacifique, et non en termes d'enjeu électoral ou de personnes. Nous nous inscrivons avec constance dans la perspective de la reconstruction d'un consensus national pour une transition démocratique et pacifique. Nous élaborons en toute liberté, en toute autonomie, notre stratégie pour atteindre cet objectif.
- Amar Saadani cite, dans son interview, le FFS comme victime de l'intrusion du DRS dans la vie politique. Pensez-vous que ce soit une nouvelle tentative du secrétaire général du FLN d'impliquer le FFS dans ce débat en le poussant à se positionner, après sa première lettre adressée à Hocine Aït Ahmed ?
La lettre avait été adressée au président d'honneur du parti et il lui appartient d'y répondre ou de ne pas y répondre. De toutes les façons, tout ce qui a été dit par Saadani n'engage que sa personne et il est responsable de ses dires.
- Le FFS temporise pour se positionner par rapport au rendez-vous électoral d'avril 2014. Pourquoi ?
Un article paru sur le site d'El Watan, citant une source anonyme, disait qu'un courant prédominant dans le conseil national du FFS penchait pour le boycott. Je tiens à apporter une précision et affirmer que lors de son dernier conseil national qui a eu lieu le 2 janvier dernier, le débat était ouvert et, jusqu'à maintenant, toutes les options sont sur la table. Le boycott est une position parmi d'autres et la décision sera définitivement arrêtée au moment opportun. Ceci a été souligné lors de la réunion du conseil national et notre position est toujours la même à ce jour. Il serait hasardeux d'avancer, à l'heure actuelle, qu'il existe un mainstream au sein du CN pour l'option du boycott.
- Et quand le moment sera-t-il opportun ?
Ce moment sera décidé par le conseil national. Nous allons arrêter une date pour la réunion du conseil national, qui décidera de la position et de l'option à prendre. Je tiens à réfuter tous les propos avancés par divers acteurs, qu'ils soient politiques ou médiatiques, qui prétendent s'ériger en porte-parole autoproclamés du parti, si ce n'est en tuteurs. Seules les instances du parti décideront de ce que nous allons faire. Aucun autre parti ne peut parler au nom du FFS. L'enjeu pour le FFS et l'enjeu pour d'autres forces politiques n'est pas forcément le même. C'est pour cela que nous tenons à réaffirmer notre autonomie. Il y a, dans le débat public actuel, un manque d'éthique. Nous assumons nos positions. On peut ne pas être d'accord avec elles et c'est pour cela que le débat politique existe, mais on ne peut pas accepter que des acteurs politiques ou médiatiques se substituent à ceux qui sont habilités à porter les messages du FFS. Quand le FFS parle, cela gêne, et quand il se tait, cela gêne aussi et certains essayent de parler à sa place. L'ancrage historique du parti et sa pratique démocratique interne l'immunisent contre toute ingérence ou interférence dans son processus de prise de décision. C'est un parti autonome et il l'a prouvé dans la durée. Le FFS ne veut pas se laisser détourner de l'essentiel.
- Le premier secrétaire du FFS a évoqué, lors d'un meeting à Béjaïa, que votre parti serait prêt à négocier avec le pouvoir. Négocier quoi et à quelle fin ?
Ce que le FFS propose, c'est d'aller vers une transition démocratique. Et cette transition ne peut se faire qu'avec tous les acteurs politiques et toutes les forces du changement qui sont dans la société. Nous sommes prêts à travailler avec toutes les volontés qui aspirent, comme nous, à un réel changement et faire pression sur le pouvoir afin d'aller vers une vraie transition démocratique. Si on veut d'une transition, il faudra qu'on en vienne, seuls ou avec d'autres acteurs, à discuter avec le pouvoir, qui est aussi un acteur réel. Jusqu'ici, nous n'avons pas vécu de transition vers la démocratie. Dès qu'il y aura des signaux et une volonté d'aller vers une réelle transition démocratique, nous serons prêts à discuter avec tous les acteurs de la société. Le consensus auquel nous appelons se pose en termes de stratégie alternative pour le pays. S'il existe des gens soucieux de l'avenir du pays dans ce pouvoir, le contexte dans lequel l'Algérie évolue sur les plans géopolitique et économique devrait les ramener à la raison. C'est tout l'avenir du pays qui se joue en ce moment. L'intelligence politique voudrait qu'on évite d'abuser de soi-disant positions de force quand il s'agit de débat de politique intérieur et d'avenir du pays. Parce que le statu quo est contraire à la stabilité, le parti est prêt à ouvrir des consultations avec tout le monde pour un consensus national.
- Le FFS a particulièrement été attentif à la situation dans la wilaya de Ghardaïa. Quels sont les contours de ce qui se passe dans le M'zab ?
Nous sommes en effet très attentifs à ce qui se passe à Ghardaïa et à l'évolution de la situation politique, économique, sociale et sécuritaire. Nous sommes déterminés à apporter notre contribution à la résolution des problèmes posés. Vous avez pu constater le dynamisme de nos structures locales dans cette wilaya, et le respect et l'estime de la population pour l'action menée par le FFS. Nous avons demandé, au niveau de l'Assemblée, la création d'une commission d'enquête pour que les tenants et les aboutissants de cette affaire soient connus et pour que justice soit faite, malheureusement cette demande n'a pas été suivie d'effet. Nous avons dépêché une mission parlementaire sur les lieux ; notre premier secrétaire s'est déplacé récemment aussi et a discuté avec la population et nous continuons à rester attentifs à l'évolution de la situation.
- Quelles sont les causes de ces événements qui sont répétitifs et s'installent dans la durée ?
Cette situation n'est pas propre à une région, ça se passe aussi ailleurs. Il y a eu des soulèvements dernièrement à l'ouest du pays, à Alger et ailleurs. Je pense que faire de l'ethnicité le paramètre exclusif des problèmes à Ghardaïa serait une erreur. Il y a des facteurs de fond qui sont commun à tout le pays. Les facteurs économiques et sociaux, les facteurs politiques sont à prendre en compte. Il faut à la fois des solutions locales, mais aussi avoir une approche globale et attaquer les problèmes dans tous leurs aspects. Ce n'est pas en pratiquant la politique-spectacle consistant à ramener quelques représentants de la population ou quelques notables que nous allons régler les problèmes. Il faut au contraire essayer de trouver des réponses et des solutions aux problèmes posés dans toutes leurs dimensions culturelle, sociale, politique et économique. Ce qui est aujourd'hui urgent, c'est de garantir la sécurité des biens et des personnes, et c'est la responsabilité de l'Etat en toutes circonstances. Certaines situations seraient évitables dès lors que l'Etat ou l'administration joue son rôle. Des solutions à tout conflit existent s'il y a une volonté réelle de régler les problèmes pacifiquement.
- La fédération FFS de Béjaïa a enregistré une série de démissions. Qu'en est-il réellement ?
Il y a eu des démissions et le parti en a pris acte. Un conseil fédéral et des conseils de section se sont tenus et ont unanimement dénoncé la campagne calomnieuse menée par les personnes démissionnaires. Certains médias ont exagéré, on ne sait pour quelle fin, l'ampleur de ces démissions et ont parlé d'une centaine de militants qui ont rendu leurs cartes au lieu d'une trentaine. Je tiens à réfuter ces dires, ce nombre est vraiment hors de proportion. J'estime que les règles de déontologie imposent qu'on vérifie toute information avant sa publication. Je tiens à affirmer qu'après la réunion du conseil fédéral, le dossier a été clos. La fédération va montrer toute sa vitalité et son dynamisme dans les mois à venir. Béjaïa est un fief du FFS et le restera.