Amar Ghoul défie la loi Depuis la convocation du corps électoral, les partisans du quatrième mandat s'agitent autour de la candidature du président de la République, alors que ce dernier n'a jusqu'à aujourd'hui pas pris de décision. Mieux, Amar Ghoul, président de TAJ, le plus engagé de tous dans ce forcing, va jusqu'à promettre de répondre au démenti du ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, relatif au retrait du formulaire de souscription à la Présidentielle par le président Bouteflika. En fait, M. Belaïz avait déclaré : «Jusqu'à présent, le président de la République n'a adressé aucune demande au ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales exprimant le vœu de présenter sa candidature à la prochaine Présidentielle.» Des propos qui laissent planer le doute sur la participation ou non du Président au prochain scrutin. Or, de tels propos sont en contradiction avec l'agitation de Amar Ghoul concernant le maintien de Bouteflika au palais d'El Mouradia. D'ailleurs, il s'est même arrogé le droit de faire une mise au point, en direction du ministre de l'Intérieur, en déclarant aux journalistes : «Je m'expliquerai sur ce point, lors du rendez-vous politique prévu dans trois jours et je donnerai des détails.» Plus grave. Amar Ghoul se comporte en dirigeant de campagne d'un candidat non encore déclaré, pour annoncer la collecte des signatures devant valider son entrée en course pour la magistrature suprême, alors que la loi organique relative au régime électoral prévoit d'abord la déclaration de candidature à la candidature, au niveau du ministère de l'Intérieur, à travers le retrait, par les futures candidats, des formulaires de souscription de signatures individuelles. Dans son communiqué, qui a suivi l'annonce de la convocation du corps électoral, le ministère de l'Intérieur avait porté à la connaissance des postulants au scrutin présidentiel que le retrait des formulaires de souscription de signatures individuelles s'effectue au siège du ministère de l'Intérieur précisant : «Les formulaires en question sont remis contre une lettre d'intention de candidature adressée par le postulant au ministre de l'Intérieur. La remise de ces formulaires intervient sur présentation par le candidat d'une lettre adressée au ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, annonçant son intention de constituer un dossier de candidature à l'élection à la présidence de la République.» Le communiqué relève par ailleurs que «les candidats à la candidature auront, à partir de la date de publication du décret relatif à la convocation du corps électoral, 45 jours pour le dépôt de leurs dossiers, selon les dispositions de la loi organique dans son article 137». Or, jusqu'à présent, le président Abdelaziz Bouteflika n'a toujours pas annoncé son intention de briguer un quatrième mandat, et le ministre de l'Intérieur l'a bien confirmé. Mais alors qui a remis, à Amar Ghoul, les formulaires de souscription de signatures individuelles, sachant qu'en vertu de la loi organique portant régime électoral, ils doivent être remis au postulant à la magistrature suprême sur présentation d'une lettre d'intention de candidature adressée au ministre de l'Intérieur ? Pour les spécialistes du droit, Amar Ghoul «est en train de violer» les dispositions de la loi «au vu et au su» de tout le monde, allant jusqu'à défier le ministre de l'Intérieur pour forcer le destin du pays, en poussant le Président sortant, épuisé par une lourde maladie, à rester aux commandes du pays, en dépit de la vulnérabilité de sa santé et de son âge avancé. Pourtant, Ghoul sait très bien que le contexte géostratégique régional et les problèmes internes auxquels est confronté le pays exigent de celui qui dirigera l'Algérie un profil, autre que celui du Président sortant, même si certains lui reconnaissent quelques succès durant ses trois mandats successifs. Serait-ce la peur des affaires de corruption ayant éclaboussé l'entourage du Président – celui-là même qui fait campagne pour un quatrième mandat –, qui anime le jusqu'au-boutisme de Amar Ghoul ? Le temps nous donnera la réponse…