Plus proche du ciel que des autorités centrales de la wilaya de Tizi Ouzou, la daïra de Bouzeguène éprouve d'énormes difficultés à échapper aux griffes de la misère et du désœuvrement. Les 150 000 habitants de cette vaste région se plaignent de multiples problèmes. Dans la commune d'Illoula, l'absence de sécurité et la prolifération des réseaux de banditisme inquiètent sérieusement la population locale. Les riverains affirment être livrés à eux-mêmes. La venue des services de sécurité se fait toujours attendre, indique-t-on. Une assiette de terrain a été dégagée pour l'accueil d'une brigade de la police, assure le président d'APC d'Illoula. Le manque d'eau et l'inexistence d'un véritable réseau d'assainissement posent aussi problème. Bouzeguène est assainie à moins de 50%, révèle-t-on. Les eaux usées sont déversées dans des fosses septiques ou carrément dans la nature. Ce qui engendre d'importants dégâts à l'environnement et la pollution des sources naturelles d'où s'alimentent la plupart des villages. Takhlidjt, un hameau de 800 habitants, réclame son réseau d'assainissement depuis des années. Le directeur de l'hydraulique de la wilaya de Tizi Ouzou (DHW) affirme à ce propos qu'une enveloppe de 629 millions de centimes sera dégagée pour régler définitivement ce problème. La construction de bassins de filtration des eaux usées protégerait des milliers de personnes des maladies hydriques, estime-t-on. Les représentants des villages et les élus des quatre communes de la daïra de Bouzeguène demandent la réhabilitation des conduites existantes et la réalisation d'un nouveau réseau d'AEP. La réalisation d'une retenue collinaire à Ath Ziki est souhaitée par les habitants de cette commune. Une étude a été faite en 1993, dit-on. La concrétisation de cette retenue, d'une capacité de 225 000 m3, assurerait l'alimentation en eau potable d'une population d'environ 10 000 âmes sans interruption. Une proposition d'alimenter la région de Bouzeguène à partir du barrage de Taksebt a été faite par les élus locaux. Les services concernés ont promis lors de la dernière visite du wali de prendre en charge cette proposition dans le cadre d'une étude. Le DHW précise qu'une enveloppe consistante de 95 millions de dinars aurait été allouée pour la reprise des réseaux AEP de tous les villages de Bouzeguène. Concernant le secteur de la santé, la daïra de Bouzeguène accuse un énorme déficit, proteste-t-on. Le centre de santé de la commune d'Illoula fonctionne au ralenti. L'établissement ne dispose pas de médecins de garde pour assurer le service de nuit. L'ambulance est dans un mauvais état. Défaillances La maternité est fermée pour manque de moyens humains et matériels. Les deux dispensaires des villages Hidjem et Aït Ali Mohand ne sont toujours pas mis en service. A la polyclinique de Bouzeguène, l'appareil de radiologie tombe souvent en panne à cause des fréquentes chutes et coupures du courant électrique. Le dispensaire ouvert à Ath Ziki opère avec un seul infirmier et sans médecin. Les élus locaux n'ont pas manqué d'exiger du wali l'inscription d'un projet de réalisation d'un hôpital de 60 lits pour atténuer la souffrance des malades qui se déplacent jusqu'à Azazga, voire à Tizi Ouzou. A cet effet, le directeur de la santé et de la population (DSP) de la wilaya a déclaré que les salles de soins et les centres de santé de la daïra seront dotés prochainement des moyens nécessaires. Le DSP a promis aussi la dotation des grandes structures sanitaires de Bouzeguène d'un équipement médical d'urgence. Pour faire face à la rigueur de la saison hivernale, les citoyens de cette région montagneuse réclament la réfection de la totalité du réseau routier et l'équipement des APC en chasse-neiges, niveleuses et rétro-chargeurs. Pour la seule commune de Bouzeguène, plus de 35 km de routes sont à l'état de piste sur un total de 75 km. Le wali a ordonné au directeur des travaux publics de s'occuper en premier lieu des localités éloignées et enclavées de la haute Kabylie pour leur éviter de revivre les durs moments des intempéries des deux dernières années. L'ouverture de nouvelles pistes désenclaverait des villages entiers qui se plaignent de leur éloignement des grands centres urbains. Les représentants des villages, qui ont rencontré le premier magistrat de la wilaya lors de sa récente visite dans la région, ont émis le vœu d'être raccordés au réseau d'alimentation en gaz naturel. « Cela mettra fin au phénomène de la déforestation qui a pris une véritable ampleur ces dernières années à cause des ruptures répétées de l'alimentation en gaz butane et de son prix trop élevé », alerte le P/APC d'Ath Ziki. Le wali s'est engagé à prendre en charge tous les problèmes soulevés, mais par ordre de priorité.