C'est avec contentement que Jean-Louis Levet, haut responsable à la coopération industrielle et technologique entre la France et l'Algérie, a présenté jeudi, à la faveur d'une conférence de presse, les premiers résultats de la mission à la tête de laquelle il a été nommé en mai 2013 par les ministres Nicole Bricq (Commerce extérieur) et Arnaud Montebourg (Redressement productif). Paris De notre correspondante La coopération entre l'Algérie et la France «est en train de changer à la fois de méthode et d'échelle pour ne plus être simplement, côté français, une démarche commerciale à l'égard de l'Algérie. Le choix a été fait de considérer l'Algérie comme un partenaire privilégié dans les domaines scientifique, industriel et autre», a affirmé Jean-Louis Levet, en préambule à la présentation des premiers projets mis sur les rails en ajoutant que «la France et l'Algérie ont un avenir commun» et «il faut que nous progressions ensemble». Puis de décliner un partenariat «structuré», «installé dans la durée», fondé sur une «vision partagée», un «engagement volontaire» dans la mise en œuvre des projets, tel que défini par la Déclaration d'Alger et de coopération entre l'Algérie et la France signée le 19 décembre 2012 par les présidents Hollande et Bouteflika, et la Déclaration conjointe pour un partenariat industriel et productif. «La Mission et ses interlocuteurs algériens ont créé un climat de confiance authentique, préalable à tout travail partenarial» ; «elle a co-identifié les besoins et les attentes de l'Algérie». La santé, l'agriculture, l'énergie et le numérique sont des domaines d'activités porteurs correspondant à d'importants besoins. Quant aux enjeux de ce partenariat, le premier d'entre eux est d'accroitre la qualité de la formation professionnelle en lien avec le développement industriel. Le deuxième enjeu est de développer les normes technologiques et techniques. La troisième priorité consiste à amplifier le partenariat de co-production, de co-localisation. Parmi les projets qui ont été lancés figure la réalisation, la mise en activité et le développement d'une Ecole nationale supérieure des métiers de l'industrie dont le projet a fait l'objet d'un protocole d'accord entre le Ministère du Développement industriel et de la promotion de l'investissement (MDIPI) et l'Ecole des Mines Paris Tech ; la réalisation d'un centre de calcul haute performance et de simulation numérique, outil de compétitivité scientifique et industrielle à partir d'un protocole d'accord entre le groupe Bull, l'institut national de recherche en Informatique et en Automatique (INRIA) et le ministère algérien de la recherche et de l'enseignement supérieur ; une école consacrée à la normalisation et à l'évaluation de la conformité à partir d'un protocole d'accord entre l'institut algérien de normalisation (IANOR) et l'Association française de la normalisation (AFNOR) ; un laboratoire de référence en métrologie issu d'un Protocole d'accord entre le MDIPI et le laboratoire national de métrologie et d'essais (LNE). Un partenariat « innovant, responsable et global » Les responsables de projets présents ont fait part de «partenariat innovant, responsable et global », de formation qualifiée, voire hautement qualifiée comme celle d'ingénieurs managers. Ainsi Philippe Papineau, responsable Marché Institutionnels et collectivités locales au laboratoire français de métrologie et d'essais souligne : « Notre expérience de laboratoire de métrologie fera profiter l'Algérie de nos évolutions et de lui éviter certains écueils ».. . « Nous allons nous positionner en assistance à la création de ce laboratoire, au système de managment, au choix des étalons, de définition des profils ».«Le champ des possible est ouvert à la recherche scientifique et à ses applications » a souligné pour sa part Damien Girault, directeur général Bull Tunisie et Libye. « Avec l'université algérienne et la recherche, il y a plus de dix ans que nous avons formalisé des projets », a précisé Hélène Kichner, directrice des relations internationales et de recherche à l'INRIA. Le centre de simulation numérique sera ouvert au monde industriel algérien et des entreprises françaises établies en Algérie. Une première échéance, début mars, concerne la consolidation du projet qui sera implanté à Sidi Bel Abbès. Ce projet initié depuis trois ans a réuni une quinzaine d'universités. Des contacts avec une vingtaine d'universités algériennes, Philippe Houdy, président de l'université d'Evry Val d'Essonne, qui vient de rejoindre la Mission conduite par J.L Levet, a relevé un besoin très important d'accompagnement, une volonté de modernisation et de passage au standard LMD, un développement des filières professionnelles et de gouvernance. Il a aussi évoqué une action de fond de longue durée pour que les universités algériennes soient sur les standards européens. A une question sur l'implication de la diaspora algérienne , Jean-Louis Levet a relevé qu'elle est indispensable mais reste insuffisante. « Il faut qu'il y ait des projets » et « peu importe leur taille ». « qui l'est plus, c'est d'amplifier ce mouvement, en multipliant les projets». « Le 51/49 n'est plus un obstacle » Les leviers du partenariat franco-algérien sont nombreux : petites et moyennes entreprises françaises, grands groupes installés en Algérie qui peuvent entraîner dans leur sillage leur tissu d'entreprises partenaires, les entreprises privées algériennes et les grands groupes publics, les collectivités, les fédérations professionnelles, les chambres de commerce. Du côté français mais aussi algérien il s'agit de développer davantage l'interministérialité et de réaliser un travail de pédagogie auprès du monde économique français, des entreprises pour leur expliquer pourquoi l'Algérie doit être un partenaire privilégié, a indiqué J.L Levet. Aussi « la question du 51/49 n'est plus un obstacle » , « on fait jouer le pragmatisme », a-t-il ajouté. « Je dis aux entreprises françaises que c'est un outil pour entrer dans le tissu économique algérien et de trouver le bon partenaire ». Et d'appeler ces entreprises à « ne pas être timides » dans leur démarche d'implantation en Algérie. « Si les Allemands, les Coréens, les Chinois, les Canadiens, les Américains, les Italiens, les Portugais ou les Espagnols sont extrêmement présents, il n'y a aucune raison pour que les Français ne le soient pas », a-t-il dit. Lorsqu'il lui est fait remarquer qu'il y a comme un paradoxe entre une priorité affirmée par le président Hollande de convaincre les entreprises françaises à prendre le chemin de l'Algérie et le classement de l'Algérie par le Quai d'Orsay parmi les pays à risque, Jean-Louis Levet reconnaît qu' « il y a effectivement là un problème à résoudre ».