Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) se prononcera ce lundi au terme d'une assemblée générale extraordinaire expressément convoquée à cet effet, sur la position officielle à prendre vis-à-vis d'un éventuel quatrième mandat présidentiel. Ce n'est pas la première fois que cette importante association patronale est sommée de prendre fait et cause pour la succession du président Bouteflika à son propre poste. La seule différence par rapport aux trois précédentes présidentielles (et elle est de taille), est que cette fois le soutien du Forum est requis, non pas pour soutenir le candidat Bouteflika qui n'a pas encore pris la peine de se déclarer, mais pour lui lancer un appel solennel à candidature pour un quatrième mandat. La nuance est importante, car il était de tradition que le Forum des chefs d'entreprises accorde son soutien au Président-candidat du consensus dans la mesure où son engagement dans la course électorale est confirmé. On se pose alors la question de savoir à quoi rime cette précipitation à réunir cette haute instance de décision qu'est l'assemblée générale du Forum, bien avant l'officialisation d'une candidature que d'aucuns considèrent à tort ou à raison comme hypothétique. Il est tout à fait certain que les pressions exercées sur l'emblématique FCE par diverses sphères du pouvoir et certains patrons ayant bien profité de ses largesses ne doivent pas être étrangères à ces velléités de soutien, les uns par crainte de représailles, les autres pour services rendus. Mais au regard des luttes de clans qui transparaissent au quotidien dans les médias, l'Assemblée générale du Forum aura, contrairement aux trois mandats précédents, du mal à sortir avec une résolution faisant l'unanimité de ses membres. Le rapport des forces n'étant pas encore stabilisé en faveur de la candidature de Abdelaziz Bouteflika, il est à craindre que la décision qui en résultera suscitera de graves divergences parmi des patrons qui ne roulent pas tous, comme on pourrait le croire, pour le même candidat ni ne partagent les mêmes ambitions entrepreneuriales. Des chefs d'entreprises qui ont un réel poids dans le secteur privé algérien, à l'instar d'Issad Rebrab et de Slim Othmani, avaient, on s'en souvient, déjà attiré l'attention des dirigeants du FCE sur ce type de dérives politiciennes qui pourraient un jour se retourner contre eux, notamment s'ils venaient à se tromper sur le choix du candidat. D'autres industriels qui avaient carrément choisi de se retirer de cette association qu'ils souhaitaient transformer en un véritable syndicat patronal revendicatif reprochent à la direction du Forum d'être devenue une caisse de résonance du pouvoir. Les généreuses contributions financières dont les membres du Forum ont gratifié le candidat Bouteflika pour ses campagnes électorales n'ont, affirment certains patrons, jamais été payées de retour par un soutien sans faille aux entrepreneurs algériens. Pour étayer cet amer constat, un industriel installé dans la zone de Rouiba évalue à un peu plus de 50 000 le nombre d'entreprises algériennes de production qui ont fait faillite ou changé d'activité, en raison d'une législation contraignante (loi de finances complémentaire pour l'année 2009, autorisation préalable de l'administration pour investir, etc.) que ce président a promulguée à leur encontre.