Comme partout ailleurs, en Algérie, à Djelfa, la 18e édition de la Coupe du monde constitue incontestablement l'événement le plus captivant pour les jeunes, moins jeunes, enfin tout le monde presque, y compris la gent féminine que l'on découvre à l'occasion. D. S., coiffeuse, nous a révélé son regret de ne pouvoir regarder les matches de 14 h en raison des obligations professionnelles et de devoir expédier rapidement les repas du soir, afin de se vautrer sur son canapé pour les rencontres de 17 h et 20 h. Autant dire qu'ici, l'ambiance est survoltée, bien que les Verts ne soient pas présents à ce rendez-vous majeur. « Au contraire, on aurait été angoissé devant le petit écran durant toute l'épreuve », nous a déclaré Aladin, un jeune féru de la balle ronde de 14 ans qui avouera : « c'est peut-être mieux ainsi car on est libéré du stress et cela permet d'apprécier les 64 duels prévus. » Dès 14 h, le centre-ville se vide progressivement à une allure qui rappelle, à s'y méprendre, l'animation qui précède la rupture du jeûne au mois de Ramadhan. A 20 h, l'horaire prévu pour la 3e rencontre de la journée, la présence humaine se raréfie et ce n'est qu'au coup de sifflet final de l'arbitre que la nature reprend ses droits en cette période de chaleur, par la réapparition forcée des piétons et des véhicules. El Watan a fait le déplacement aux deuxième et troisième jours de la compétition dans les quatre coins du chef-lieu de wilaya, peu avant les matches Suède - Trinidad-et-Tobago et Mexique - Iran. Que ce soit dans les lieux publics, dans les boutiques ou autres marchés populaires et osons le dire, dans l'administration, on ne parle que de mondial quand on n'a pas les yeux carrément rivés sur le petit écran. En fait, il ne faut pas se leurrer, même les fonctionnaires ne résistent pas au charme de Dame coupe et certains mordus du sport roi se sont cotisés pour l'achat d'une carte ART et comptent suivre cette manifestation à partir d'un bureau, à l'abri du regard du chef. « Quand on n'est pas préposé au guichet, pourquoi se priver de regarder la coupe du monde. Après tout, deux heures ce n'est rien, d'autant plus que l'événement a lieu tous les 4 ans » ,nous a fait savoir B. M. Dans les faubourg populaires et suburbains, les grands garages sont aménagés en estaminets pour recevoir le plus de personnes, suite à la distribution, par l'APC, de cartes ART aux présidents de quartier, une initiative du président de la République, selon le wali. Nombreux parmi les P/APC, accostés au sortir de la séance de travail du ministre de la formation professionnelle, nous ont déclaré qu'ils s'inspireraient de la démarche. Idem pour les cafés de banlieue. En sus de la réactivation du relais émetteur de la commune, appelé Bath, qui rayonne sur toute la ville, les quartiers grouillent de gens grâce à des écrans géants installés par l'APC. Les tenanciers de cafés opulents au centre-ville ont fait de même avec leurs propres moyens. Mais il y a aussi ceux qui sont privés de coupe du monde en famille. El Watan a rencontré un gamin, H. M. dont le papa n'a acheté ni de carte ART ni une antenne spéciale bath à 500 DA ! Visiblement peiné, il nous confia que son père compte sur un coup parfait des hackers ! Mais quand cela arrivera-t-il ?