La violence dans les stades occupe de nouveau la une de l'actualité. Elle devient encore plus inquiétante et pose un problème de sécurité publique dès lors qu'elle déborde de l'enceinte sportive, comme cela a été constaté lors du match ayant opposé, à Mostaganem, le MCA au WAT. Tout le monde se plaint du phénomène : le public, les dirigeants des clubs, les instances sportives, les autorités, la justice, la police... Pour les principaux acteurs de la sécurité dans les terrains de football, l'heure est toujours au diagnostic, bien que la réflexion se soit engagée à plusieurs niveaux de responsabilité. Les quelques mesures prises ont démontré que le problème de la violence n'a pas fait l'objet d'une attention particulière, malgré la multiplication des commissions, des sous-commissions et des comités de réflexion. La preuve : ce phénomène, qui a sérieusement terni l'image de notre football, ne cesse de s'aggraver en prenant des contours à chaque fois plus inquiétants. La flambée de violence qui s'est fait date ces dernières semaines est venue à point pour confirmer que les approches essayées jusque-là n'ont pas été payantes, d'où la nécessité d'un débat de fond pour mieux cerner le problème. En 1994, on s'en souvient, le Comité national de la coordination intersectorielle pour la prévention de la violence dans les stades avait suggéré une « thérapie pénale », en mettant en place un dispositif plus ou moins répressif. Les difficultés rencontrées dans l'application des textes et le manque de suivi sur le terrain ont rendu ces mécanismes inefficaces. La Ligue nationale de football (LNF), pour sa part, avait, dès son installation, institué une commission de lutte et de prévention contre la violence dans les enceintes sportives. Cette commission, en collaboration avec d'autres acteurs dont la DGSN, les clubs et les comités de supporters, avait ficelé un rapport détaillé sur le phénomène. Le diagnostic établi par ce groupe de travail a fait ressortir plusieurs défaillances. L'effet de groupe, l'anonymat et l'impunité qu'offrent les gradins, le regroupement d'une masse importante de jeunes, l'insuffisance des infrastructures sportives, les erreurs d'arbitrage, les défaillances dans l'encadrement managérial des équipes, le comportement de certains dirigeants de club, l'inefficacité ou carrément l'absence de comités de supporters, l'attitude parfois excessive de la presse spécialisée... sont autant de facteurs qui mettent le feu aux poudres. Quel en est le remède ? La commission a essayé, certes, de prendre quelques dispositions destinées à assurer la sécurité avant, pendant et après les manifestations sportives. Pour ce faire, deux thérapies ont été recommandées. Il s'agit de la solution pénale, qui suppose le renforcement du dispositif législatif existant, et la solution éducative qui englobe aussi bien le chapitre de la sensibilisation que celui de l'éducation. Ces deux approches ont été abordées dans la loi 04-10 du 14 août 2004 qui a remplacé l'ordonnance 95-09 relative à l'organisation des activités sportives (voir encadré). Mais comme toutes les précédentes mesures, elles ont été infructueuses. L'effet dissuasif n'a pas découragé les trouble-fêtes et le volet lié à l'éducation et à la sensibilisation n'a pas été appliqué à la lettre. Pour endiguer un fléau aussi préoccupant, il faut que tout le monde - de la famille jusqu'à la haute sphère de décision - prenne ses responsabilités. C'est à ce prix que la Grande-Bretagne, qui été confrontée au problème du hooliganisme, a pu calmer les ardeurs démesurées des foules belliqueuses.