La rencontre entre la SG du Parti des travailleurs et le chef d'état-major de l'armée suscite beaucoup de questions au sein de la classe politique. Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), a rencontré, jeudi 13 février, le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire (ANP) et vice-ministre de la Défense nationale, le général de corps d'armée Gaïd Salah. «La secrétaire générale du Parti des travailleurs a bien rencontré le vice-ministre de la Défense, Gaïd Salah», a confirmé le député et n°2 du parti, Djelloul Djoudi, joint par téléphone. Il a cependant refusé de donner plus d'informations sur le contenu des discussions, se contentant d'indiquer que le parti étudiait actuellement la meilleure façon de rendre compte à l'opinion publique du contenu de cette rencontre. «Nous sommes en train d'examiner la meilleure manière de rendre compte de cette rencontre», a-t-il affirmé. Cette entrevue intervient une semaine après les propos tenus par la candidate du PT à l'encontre du secrétaire général du FLN, Amar Saadani. Pour Louisa Hanoune, les attaques du secrétaire général du FLN contre le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) étaient très graves. «Amar Saadani vise, à travers ses accusations gravissimes contre le DRS, l'intégrité de l'Etat-nation, la souveraineté du pays et sa stabilité», a-t-elle condamné. Mais pour cet ancien ministre, qui a préféré s'exprimer sous le sceau de l'anonymat, les raisons de cette rencontre sont à chercher ailleurs. Pour lui, l'entrevue a dû permettre à la responsable du Parti des travailleurs de transmettre directement un message à Gaïd Salah. «Il ne faut pas oublier la proximité qui unit une partie de la famille Bouteflika à la secrétaire générale du PT, rappelle-t-il. Ce tête-à-tête a dû permettre à Louisa Hanoune de transmettre un message au chef d'état-major. Il y a actuellement dans la famille Bouteflika deux camps qui s'affrontent : ceux qui militent pour un quatrième mandat et ceux qui poussent pour que le Président quitte ses fonctions à la fin de son mandat.» D'autres observateurs analysent que la démarche de Louisa Hanoune vise à consacrer un rôle politique à Gaïd Salah dans cette conjoncture particulière. Ce qui est sûr c'est que ce tête-à-tête passe mal auprès des autres candidats à la candidature qui reprochent à la secrétaire générale du PT d'impliquer l'armée dans le jeu politique. «Cette entrevue pose un vrai problème, estime Soufiane Djilali, candidat et président de Jil Jadid. Alors que la classe politique veut s'affranchir de l'institution militaire, Louisa Hanoune demande son implication dans le jeu politique.» Pour le candidat à la candidature, le but recherché par Mme Hanoune est d'obtenir le soutien de l'armée. «Elle est toujours prompte à donner des leçons de démocratie aux autres formations politiques mais elle court voir le chef d'état-major pour demander son soutien et obtenir le vote des casernes», déplore Soufiane Djilali, qui précise qu'il n'a pas l'intention de demander à rencontrer le chef d'état-major. «Je ne suis pas demandeur. Je préfère m'adresser au peuple», déclare-t-il. Dans le camp de l'ancien chef de gouvernement Ali Benflis, on se veut rassurant. Pour Lotfi Boumghar, chargé de la communication du candidat, cette rencontre ne va pas changer grand-chose : «Nous n'avons pas pour habitude de commenter la gestion des agendas des uns et des autres. En outre, je ne pense pas que l'Armée nationale populaire veut jouer un rôle dans cette présidentielle.» L'entrevue avait été annoncée par la leader du PT lors d'une conférence de presse tenue jeudi au siège du parti et au cours de laquelle elle s'est refusée à révéler les raisons qui l'ont poussée à demander ce tête-à-tête. Louisa Hanoune s'est contentée d'indiquer qu'elle avait, dès la nomination du chef d'état-major au poste de vice-ministre de la Défense, souhaité le voir et qu'elle avait l'intention d'aborder avec lui «les dernières évolutions enregistrées sur la scène politique».