Premier responsable de l'acidification des océans : le dioxyde de carbone rejeté par les pollueurs terrestres est absorbé, bien plus qu'on ne le croyait, par les océans. Les gaz ont un impact retentissant sur la flore et la faune, la vie en milieu marin compatit à sa manière en souffrant à son tour des émissions de dioxyde de carbone. L'histoire remonte aux années 1950 durant lesquelles deux géochimistes à l'institut Scipps d'océanographie en Californie, Roger Revelle et Hans Suess, ont installé des dispositifs de mesure des concentration de dioxyde de carbone dans des sites éloignés de toute source de gaz. Le premier était la station météorologique au sommet du Mauna Loa à Hawaï, le second au pôle Sud. Première découverte donc : le dioxyde de carbone rejeté dans l'air est piégé dans les océans et contribue à en changer sa chimie. De plus, « l'étude des bulles d'air piégées dans les carottes glacières ont montré que la concentration en dioxyde de carbone est restée presque constante pendant plusieurs millénaires avant d'augmenter brusquement au moment de la révolution industrielle du début du XIXe siècle. Aujourd'hui, la concentration atmosphérique de ce gaz est de 30% plus élevée qu'elle ne l'était il y a quelques centaines d'années », introduit le mensuel Pour la Science de mai dernier. Et si pour le moment le danger n'est pas totalement assuré, puisque de toutes les façons, l'océan est un grand réservoir naturel, la quantité produite par la combustion des énergies fossiles telles que le charbon, le pétrole et le gaz est si importante, que les répercussions sur la faune et la flore marines s'en ressent déjà. conséquences sur l'écosystème marin Le processus par lequel la chimie s'opère est relativement simple : « Le dioxyde de carbone réagit avec l'eau pour donner de l'acide carbonique. Ce dernier libère en solution l'ion hydrogène, comme tous les acides, mais aussi l'ion bicarbonate et dans une moindre mesure l'ion carbonate. Cela aboutit à une augmentation de la concentration en ions hydrogènes, quantifiée par le pH. Une diminution d'une unité de pH correspond à une multiplication par dix de la concentration en ions d'hydrogène : l'eau est plus acide. » Autant pour l'explication scientifique. Mais quelles sont les conséquences sur l'écosystème marin ? Les premières formes de vie qui devront souffrir de l'acidification des océans sont, pour la communauté scientifique, tous les organismes calcaires puisque ces derniers utilisent le carbonate dissous dans l'eau pour fabriquer le carbonate de calcium de leur coquille. Mais également les coccolithophores, un phytoplancton recouvert de petites plaques de carbonate de calcium qui flotte près de la surface de l'eau ainsi que d'autres types de plancton comme les foraminifères et les ptéropodes (petit escargot marin). Et si ces organismes vivants, à peine visibles à l'œil nu, sont les premières victimes de l'acidité retrouvée dans l'eau de mer, les conséquences sont loin d'être proportionnées à leur petite taille. En effet, ils sont la base de l'alimentation de nombreux poissons et mammifères marins. Le principal mammifère qui se nourrit de plancton est la baleine. Le plancton n'est pas le seul à souffrir de ce phénomène. Le corail est également en danger et plus particulièrement le corail en profondeur donc tropical. En effet, ces coraux se développent lentement. En fait, la menace réside pour le corail dans le fait qu'il risque de se dissoudre comme de la craie au contact du vinaigre. Et là encore, cela met en danger une chaîne d'organismes vivants, comme les crabes, les anguilles ou les oursins.