Scandalisée et outrée, Louisa Hanoune, porte-parole du Parti des travailleurs (PT), accuse un « centre d'intérêt occulte » d'être derrière la campagne de déstabilisation de sa formation et les manœuvres d'intimidation pratiquées contre ses militants. Hier, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti, Mme Hanoune a relaté les affres qu'a endurés Bakhit Nourredine, un militant du PT et médecin de formation, dans la wilaya de Aïn Témouchent (commune de Malah). Mme Hanoune a décidé de tirer « la sonnette d'alarme » et « d'alerter l'opinion publique après avoir épuisé toutes les voies de recours ». M. Bakhit a été interpellé par les services de la police, samedi dernier, alors qu'il menait une campagne, à l'instar des autres militants dans d'autres régions du pays, pour la récolte des signatures relative à la lettre que comptent adresser les responsables du PT au président de la République pour la convocation d'un référendum populaire. Le militant distribuait, en parallèle, le journal du parti. Après vérification des papiers, celui-ci a été relâché. Le lendemain, ce même militant a été, dit-on, « intercepté par des policiers qui l'ont conduit au poste de police où il a subi un interrogatoire de plus de cinq heures ». M. Bakhit a été brutalisé, humilié, son portable lui a été confisqué, selon les responsables du PT. Les policiers l'ont assailli de questions axées essentiellement sur l'objectif de la lettre et la confection du journal. M. Bakhit croyait que la situation allait s'arrêter à ce stade. Eh bien non, le troisième jour, les policiers, qui agissaient sur ordre du procureur de la République, ont encerclé la maison de M. Bakhit, ils avaient un mandat de perquisition pour fouiller toute la maison. Une fois le domicile inspecté de fond en comble, les policiers ont confisqué la lettre portant les signatures des citoyens. « Face à cette grave dérive, nous avons saisi les responsables du ministère de l'Intérieur. Le secrétaire général de cette institution a ordonné aux concernés de cesser toute poursuite et intimidation à l'égard de notre formation qui a le droit d'activer normalement sur le terrain. Malheureusement, le juge ne voulait rien savoir. Il a continué à malmener les militants du parti. » Mme Hanoune considère cet acte comme une provocation politique tout en s'interrogeant sur le sens à donner au comportement du procureur. « Ce dernier, avec arrogance, admet qu'il ne reconnaît ni le ministère de l'Intérieur ni celui de la justice, et qu'il était le seul ordonnateur et le seul responsable dans la commune », a expliqué la conférencière qui s'est demandé, sur un ton grave, s'il y avait plusieurs républiques en Algérie. « On interdit aux syndicalistes de recourir à la grève, on nous interdit les manifestations. On ne veut plus du multipartisme. Nous voulons savoir où va l'Algérie et qui tire les ficelles de cette situation et pourquoi en cette période », a lancé l'oratrice, qui refuse d'apporter une accusation contre aucun corps institutionnel en tant que tel, mais accuse en substance des « centres occultes » dont elle refuse d'avancer les noms. « C'est une dérive localisée. En ce qui nous concerne, nous mettons en garde contre ces graves dépassements qui sont en train de se multiplier ces derniers temps. De quel droit le procureur refuse-il d'obéir à ses supérieurs. Nous souhaitons que les responsables des ministères de la Justice et de l'Intérieur prennent leur responsabilité et d'agir face à cette situation », a souligné Mme Hanoune, en soutenant que le militant victime de l'acharnement policier a décidé de déposer plainte et que le parti se constituera partie civile. La première responsable du PT avoue n'avoir aucun problème avec aucun parti ni institution. « Nous sommes en désaccord avec certaines personnes concernant le dossier de la privatisation et la dénationalisation. Nous travaillons pour l'intérêt de notre pays et nous avons toujours dit qu'il n'était pas intelligent de faire de politique de l'autruche », explique Mme Hanoune. Par ailleurs, la porte-parole du PT a interpellé hier le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui s'est engagé à clarifier cette affaire et à la prendre en charge. Le PT envisage également de saisir le président de la République dans le cas où la situation tend davantage vers le pourrissement. Mme Hanoune a qualifié, par ailleurs, de très grave ce qui se passe au sein d'El Islah, notamment les décisions contradictoires de la justice.