Le Parti des travailleurs (PT) serait-il visé par une opération de déstabilisation ou vit-il, comme d'autres formations politiques avant lui, une crise de “croissance” ? Porte-parole attitrée et illustre représentante, Louisa Hanoune croit dur comme fer que son parti est plutôt visé par “un complot”. Qu'il soit le fait de ses positions politiques, de son engagement, de ses positions sur les privatisations, le Sahara Occidental ou les hydrocarbures, elle ne le sait pas trop, mais elle reste convaincue que des “centres d'intérêt” sont derrière “l'offensive” qui a visé le parti ces derniers temps. Hier à Alger, l'ex-candidate à la présidentielle avait du mal à contenir sa colère. Remontée comme jamais. Autant sur les députés démissionnaires de son parti, au nombre de cinq — et non dix comme rapporté par certains médias, les cinq autres ayant rejoint d'autres partis il y a longtemps — que sur certains journaux qui lui ont reproché ses positions, particulièrement sur la question du Sahara Occidental. Si pour les premiers, elle ne leur accorde que “du mépris”, pour les seconds, en revanche, elle dit “basta” et s'engage à ester certains parmi eux devant les tribunaux. “Mais de qui se moque-t-on ? Des journaux qui ont failli brûler le pays en 2003 veulent nous imposer des positions (…) Basta !” s'est-elle emportée lors d'une conférence de presse animée au siège du parti au lendemain de la tenue du conseil national consacré essentiellement à l'évaluation des travaux du congrès. Un congrès, a-t-elle précisé, ouvert à tous les médias, lequel a renouvelé sa confiance à la direction, presque ordinaire et dont les travaux ont été marqués par la sérénité et l'adoption à “l'unanimité”, un vocable sur lequel elle a plusieurs fois insisté, allusion aux reproches des “ses détracteurs”, des résolutions concernant les élus. Il faut dire que la question des cotisations des élus au parti seraient l'une des raisons de l'apparition de la discorde entre la direction du parti et les députés démissionnaires. Les députés avaient signé des engagements — dont des copies ont été remises à la presse — qu'ils n'ont pas respectés, accuse la direction. Pour certains parmi eux, comme les députés de Béjaïa et de Tizi Ouzou, ils ont envoyé leur démission par fax. “Nous n'allons pas répondre à ces indus occupants de nos sièges (…) Ils se cachent derrière de soi-disants accords politiques passés, mais ça ne les concerne pas (…)”, a-t-elle affirmé en rappelant que certains députés ont démissionné pour sauvegarder “leur salaire”. Des démissions qui remontent pour certains à la période d'avant le 5e congrès. Quant aux journaux et ceux qui ont touché à sa vie privée ainsi qu'à celle de Benmohamed, un autre responsable du parti, Mme Hanoune a assuré qu'ils auront à répondre de leurs actes devant la justice. Le parti s'est d'ores et déjà engagé à se constituer partie civile. Mais la conjonction des attaques de la presse et la sortie des “démissionnaires” confortent la conviction de Mme Hanoune que son parti est la cible d'“une opération politique”. “C'est une provocation contre le PT, ils ont été pris de cours en transformant le CN en congrès (…). C'est une commandité. Ils ont actionné les cinq (…) il y a des groupes d'intérêt occultes derrière cette offensive”, a-t-elle dit avant de lancer, en guise de défi : “Je suis une femme algérienne et je représente le PT. J'ai le courage de mes opinions !” “Qui est dérangé ?”, s'est-elle encore demandée. Mais qu'à cela ne tienne, Louisa Hanoune estime que la seule réponse imparable à ses “détracteurs” reste l'objectif du million de signatures pour l'abrogation de la loi sur les hydrocarbures, le parachèvement de la restructuration du parti et enfin la poursuite de la défense de la nation contre les politiques de “désintégration” qu'elles soient internes ou externes. “Je tenais à remettre les pendules à l'heure !” a-t-elle conclu. KARIM KEBIR