Comment appréciez-vous la décision de la chambre administrative de la cour d'Alger ? Dans ce pays on ne veut pas d'un véritable pluralisme politique ni d'un parti fort, loin de leur pouvoir et de leur autorité et encore moins d'un homme politique crédible sur la scène. C'est vous dire que cette décision inique ne m'étonne guère ! Vous attendiez-vous à un tel jugement après que vous ayez obtenu une première fois gain de cause ? Personnellement oui. Ce pouvoir use de ses deux méthodes favorites pour vous abattre politiquement. Il tente d'abord de vous dompter à travers plusieurs moyens dans l'espoir de vous voir rentrer dans les rangs, et si cela ne marche pas, il recourt à la manière forte qu'est la casse. Là tous les moyens et tous les coups lui sont permis. Que pensez-vous de cette façon de traiter les partis politiques ? C'est un comportement extrêmement mauvais et dangereux qui menace sérieusement le pluralisme politique en Algérie et qui constitue une atteinte grave aux libertés individuelles et collectives, à l'indépendance de la justice et à la souveraineté du droit. Je déplore d'ailleurs que cette décision soit prononcée par le juge au nom du peuple. Quelles sont selon vous les mobiles de cette nouvelle affaire contre votre parti ? Par la force des choses, ce genre de pressions et d'intimidation ne me font plus peur dès lors que j'ai passé 35 ans de ma vie à dénoncer ce pouvoir et son arbitraire. Sachez que depuis 1969, je n'ai jamais marchandé mes idées et mes principes, et ce ne sera pas cette décision arbitraire et illégale qui va me faire plier. C'est vous dire que l'arrière-pensée politique est tellement évidente qu'il n'est pas besoin de chercher quelque autre mobile. Cela est-il lié à vos positions sur le projet de révision de la Constitution ? Il est clair que notre position sur cette importante question a dû ne pas plaire en haut lieu dans la mesure où notre conception de la révision de la Constitution n'a rien à voir avec les objectifs avoués dans ce projet en préparation. Je réitère encore une fois que nous ne cautionnerons pas ce projet. Donc vous n'êtes pas d'accord avec le président Bouteflika... Pas du tout ! En sa qualité de président de la République et premier magistrat du pays, il est responsable de cette décision prise contre notre parti. Qu'allez-vous faire maintenant ? Légalistes que nous sommes, nous allons attendre la notification de la décision de justice pour introduire un recours auprès du Conseil d'Etat. Je tiens à rassurer nos militants et tout le peuple algérien que nous demeurons sereins. Ce n'est tout de même pas cette énième provocation qui va stopper nos activités ou entamer ma volonté de lutter davantage. Je profite de l'occasion pour lancer un appel à tous les partis et à toutes les associations et à la société civile à se mobiliser pour dénoncer ces atteintes à la démocratie et aux libertés individuelles et collectives.