Il y a un décalage entre les intentions d'investissement et les engagements concrétisés. La 25e session du Conseil national économique et social s'ouvre aujourd'hui, au palais des nations au Club-des-Pins : au menu, cinq importants rapports sur la conjoncture économique et sociale du 1er semestre 2004, le cinquième rapport national sur le développement humain, la femme et le marché du travail, le développement de l'infrastructure routière, et enfin l'économie de la connaissance. Dans le rapport de conjoncture, le Cnes, en reprenant les données de l'ONS, fait remarquer que le secteur privé, avec un chiffre de 4 millions d'emplois, absorbe 61,2% des occupés en 2003. C'est donc, dans l'absolu, le principal pourvoyeur d'emplois. Seulement le Cnes note que ce secteur est dominé par l'emploi informel. Les travailleurs salariés déclarés au nombre de 612 570 ne représentent que 15% des occupés. Le même rapport souligne le dynamisme de l'investissement privé. Le bilan 2004 fait apparaître une amélioration dans le nombre de projets déclarés en création ou en extension. Plus de 87% des projets sont du ressort du secteur privé contre seulement 2% pour le secteur public. Les projets du secteur public totalisent près de 13 milliards de dinars alors que l'investissement global du privé est estimé à 175 milliards de dinars. La majorité des entreprises créées, 58%, sont des entreprises individuelles (forme juridique). Les entreprises classées dans les catégories des petites et très petites entreprises sont les premières pourvoyeuses avec plus de 60% d'emplois créés contre moins de 40% pour les grandes entreprises. Moins de 1% des grands projets totalise plus de 33% du montant des investissements avec 3 218 emplois créés. Le Cnes souligne que le parc logement, au début 2004, comprenait 5 793 331 unités dont 850 000 dépassent 50 années d'âge. L'habitat précaire est évalué à 500 000 unités. Le déficit, à raison d'un objectif de taux d'occupation brut de cinq personnes par logement en moyenne, est estimé à 600 000 logements. Sans l'habitat précaire, ce déficit serait de 1 100 000 unités. Concernant l'engagement du président de la république à réaliser un million de logements sur cinq, l'estimation annuelle en termes de financement serait de 70 à 80 milliards de dinars par an, soit un milliard de dollars. D'où la question sur les capacités d'absorption et les moyens nationaux de réalisation. Le programme, nous dit-on, comprend 30% de logements sociaux locatifs, 25% location-vente, 25% habitat rural et 20% seront couverts par l'autoconstruction. Un système scolaire peu performant Le rapport souligne le recul de la pauvreté et l'amélioration des principaux indicateurs de développement humain (niveau de vie, santé, longévité, système éducatif…). Cependant, de tels chiffres appelent les pouvoirs publics à une plus grande attention. Il s'agit de l'augmentation de la proportion d'enfants accusant une insuffisance pondérale, qui est passée de 9,2% en 1992 à 10,4 en 2002. Il y a aussi la question de la déperdition scolaire : 556 526 élèves ont quitté l'école en 2003 dont 58% sont des garçons. Le taux de redoublement est élevé, 11,5% dans les cinq premières années, 16% pour la sixième année. Pour le 3e cycle fondamental et le secondaire, le taux est de 24,38% en classe terminale, il est de 45%. Le Cnes le juge “anormalement élevé”, la déperdition scolaire et les redoublements dans les paliers de l'enseignement obligatoire. Le taux national d'analphabétisme, selon le Cnes qui reprend les statistiques du ministère de la santé, continue de baisser. Il est de 26,50%. Femme et travail : changement de mentalités Le Cnes, s'appuyant sur une étude du Cread sur les comportements, attitudes et pratiques en matière de contraception, souligne que les femmes ne s'opposent plus au travail salarié de leurs filles et rejettent pour elles, le mariage avant 18 ans, à une très large majorité (90%). Elles désirent fortement (97%) que leurs filles poursuivent leurs études universitaires. Une autre révolution, signalée par le Cnes, concerne le recours aux moyens contraceptifs. Le taux de pratique de la contraception des femmes mariées en âge de procréer s'élève à 64% en 2000 contre 56,9% en 1995. Infrastructures routière : grand retard enregistré L'Algérie accuse un grand retard dans le domaine des aménagements autoroutiers, affirme le Cnes. Ce qui se traduit par un coût économique et des conséquences importantes sur la sécurité routière. Le taux d'entretien du réseau routier, souligne le Cnes est au-dessous du seuil critique. Alors que les normes en terme d'entretien périodique préconise le traitement d'au moins 10% du réseau revêtu chaque année en Algérie, ce taux n'est que de 3,6%. Du coup les statistiques donnent 30 000 km (39%) de routes en bon état, 27 000 km (35%) en moyen état et 20 000 km (26%) en très mauvais état. À court terme, (2006) ce patrimoine, uniquement pour l'entretien, aura besoin d'une enveloppe de 7 milliards de dinars. M. R.