«Les ports algériens ont acquis la solide réputation d'être les moins performants dans le périmètre du Bassin méditerranéen», souligne le rapport du Cnes. Intitulé «Le développement de l'infrastructure routière : Pour des choix plus économiques et des voies moins meurtrières.», le rapport du Conseil national économique et social (Cnes), dresse un bilan noir de l'état du secteur du transport en Algérie. Le Cnes a stigmatisé en premier lieu la gestion du transport routier, qui assure 90% des mouvements des marchandises et plus de 80% des déplacements de personnes. «De ce point de vue, l'Algérie accuse un grand retard dans ce domaine, ce qui se traduit par un coût économique et des conséquences importantes sur la sécurité routière», peut-on lire dans le document élaboré par la Commission de l'aménagement du territoire et de l'environnement. Le ton est tranchant, s'il s'avère que les routes n'interviennent que pour moins de 3% dans les statistiques d'accidents, «il n'en demeure pas moins que le retard dans le passage au niveau autoroutier pour les sections qui franchisent le seuil de saturation (plus de 9000 véhicules par jour en moyenne) devient une cause première d'accident ». Sur ce volet, il faut savoir que l'Algérie est classé au 4e rang des pays les plus affectés, avec une courbe ascendante effrayante; plus de 30 % de morts entre 1990 et 2003. Outre les pertes humaines, le coût des accidents de la circulation représente chaque année entre 1% et 2 % du PIB «et grèvent lourdement le budget de la santé publique qui consacre 25% de ses dépenses aux accidents de la circulation». L'état actuel du réseau national est le résultat, de l'avis du Cnes, d'un entretien déficient. «Alors que les normes en termes d'entretien périodique préconisent le traitement d'au moins 10% du réseau revêtu chaque année, en Algérie ce taux a été de l'ordre de 3,6% pour les routes nationales». En somme, en 2003, seuls 40% peuvent être considérés comme conformes aux normes. Cette situation place ce patrimoine «en deçà des critères internationaux» . Parallèlement à cela, le parc ne cesse d'évoluer avec environ 3,2 millions de véhicules. Par ailleurs, le budget d'investissement total des routes est en net redressement depuis 2001. Même si plus de 139 milliards de dinars, dont plus de 30 milliards au titre du Psre ont été affectés au programme routier pour l'année 2002, l'institution de Mentouri reconnaît néanmoins que la construction et la maintenance des routes exigent des moyens financiers très importants, de plus en plus difficiles à trouver. A titre d'exemple «Ce patrimoine aura besoin, uniquement pour son entretien, d'une enveloppe financière estimée à plus de 7 milliards de dinars». L'Algérie qui est confrontée à un besoin urgeant de réalisation d‘autoroutes, «ne possède ni les financements en quantité ni la masse d'entreprises ni l'expérience pour mettre en place et entretenir un réseau autoroutier et le soumettre au péage pour faire contribuer les usagers de la route». Le retard accusé dans l'exécution de l'autoroute Est-Ouest est très illustratif dans ce sens. Le rapport du Cnes est venu appuyer les polémiques qu'a suscitées le naufrage du navire Batna. Malgré l'introduction de la conteneurisation et des aménagements au niveau des infrastructures, «les ports algériens ont acquis la solide réputation d'être les moins performants dans le périmètre du Bassin méditerranéen». Les surestaries ont été estimées à près de 350 millions de dollars en 2003. Par ailleurs «les pavillons étrangers assurent 80 % des besoins nationaux des transports maritimes hors hydrocarbures». La nouvelle aérogare d'Alger, maintes fois proposée à la concession sans succès, est encore inachevée plus de 10 ans après son lancement. «Elle est devenue un exemple du peu de crédibilité de la planification nationale des grands projets». Quant au transport ferroviaire, le rapport note qu'il a été pénalisé par les années de terrorisme. Pour rattraper le retard, plusieurs actions ont été menées dont le renouvellement de plus de 1000 km de voies. «Malgré cela, le rail continue son irrémédiable perte de parts de marché du transport terrestre dans le domaine des marchandises». Il est passé de 30% en 1970 à quelque 9% en 2003.