Visiblement gêné par toute initiative de rapprochement interpalestinien, les remettant sur la scène politique comme partenaire incontournable dans tout processus de paix au Moyen-Orient, le Premier ministre israélien, Ehoud Olmert, ne cesse de leur asséner des coups bas. Olmert, chef du parti Kadima ayant remporté les dernières législatives israéliennes, dont le programme est basé sur un plan visant à imposer aux Palestiniens les frontières définitives de l'Etat d'Israël avant l'an 2010, est convaincu de l'impossibilité de réaliser ce plan à travers des négociations de paix, car aucun Palestinien ne peut se permettre d'accepter l'annexion par l'Etat hébreu de près de la moitié de la Cisjordanie, occupée depuis la guerre des six Jours en juin 1967. Aucun Palestinien n'osera accepter qu'Israël garde définitivement et pour l'éternité, comme le disent les Israéliens, la ville sainte d'El Qods, le troisième haut lieu saint de l'Islam sous sa souveraineté, comme partie intégrante de sa capitale. Enfin, aucun Palestinien, aussi modéré soit-il, ne peut ni n'a le droit d'accepter le non-retour des réfugiés dans leurs foyers, dont ils ont été chassés de force en 1948, date de la création de l'Etat hébreu. En fait, le plan d'Olmert se résume en ces points, tous inacceptables pour les Palestiniens. C'est la raison pour laquelle le Premier ministre israélien essaie de les contourner, en leur faisant endosser le caractère de non-partenaire dans d'éventuelles négociations de paix. Quelle que soit son appartenance politique ou idéologique, Olmert, à l'image de son prédécesseur Ariel Sharon, ne veut tout simplement pas de partenaire palestinien. Le second était l'instigateur principal du plan de désengagement unilatéral avec les Palestiniens, dont il avait commencé l'application dans la bande de Ghaza, d'où il avait retiré l'armée israélienne et les colons juifs en septembre dernier, sans négocier avec eux. A l'époque, la Présidence et le gouvernement étaient issus du Fatah, le plus grand mouvement nationaliste palestinien, actuellement dans l'opposition suite à sa grande défaite face aux mouvement islamiste Hamas au législatives de janvier passé. Seule la maladie a empêché Sharon, qui avait créé le parti centriste Kadima, de poursuivre ses plans. En effet, peu avant les législatives israéliennes de mars dernier, suite à un accident vasculaire cérébral, il a sombré dans un coma profond dont il n'est pas encore sorti. A Paris, où c'était sa première visite, achevée jeudi, Olmert a clairement proclamé que son plan « ne pouvait pas être stoppé » et « constituait le maximum qu'Israël puisse accepter ». Avec des intentions malsaines de saboter le dialogue d'entente nationale qui se poursuit à un haut niveau, surtout entre le Fatah et le Hamas, dont les divergences font planer un risque de guerre civile dans les territoires palestiniens, Olmert a annoncé avoir donné son feu vert à la livraison d'un millier de fusils d'assaut M-16 aux services de sécurité, fidèles au Président palestinien, Mahmoud Abbas, afin de le renforcer dans l'épreuve qui l'oppose au Hamas. Saeb Erekat, proche collaborateur d'Abbas, a démenti l'arrivée de ces armes, affirmant qu'elles se trouvaient en Jordanie depuis six mois - soit avant le triomphe du Hamas aux élections législatives - et qu'elles y étaient toujours. Leïla Chahid, la déléguée générale de la Palestine auprès de l'Union européenne, est allée plus loin en déclarant : « Olmert annonce ça comme s'il faisait de Mahmoud Abbas un agent, un collaborateur de l'occupation israélienne », en ajoutant qu'« il y a dans l'attitude de M. Olmert une attitude de sape de l'autorité politique et morale de Mahmoud Abbas ». Le Hamas par la voix de Mouchir El Masri, un député du mouvement islamiste, a déclaré : « Nous réclamons des explications du Président. Nous rejetons toute intervention israélienne dans nos affaires intérieures parce que les Israéliens cherchent à semer la division parmi le peuple palestinien. » Les agressions israéliennes répétées et les massacres intentionnés de civils innocents font partie de cette stratégie israélienne, visant à approfondir les dissensions palestiniennes. A l'image du massacre de sept membres de la famille Ghalia, dont le père, la mère et les enfants ont trouvé la mort vendredi 9 juin, sur l'une des plages du nord de la bande de Ghaza, à l'exception d'une fillette de 12 ans, nommée Houda, dont les sanglots et les cris déchirants appelant désespérément son père tué à côté d'elle ont émotionné le monde entier. Pour Olmert et son gouvernement, tous les coups sont permis. L'essentiel est de prouver qu'il n'existe pas de partenaire palestinien pour la paix. Jeudi, le gouvernement palestinien, issu du Hamas, s'est dit disposé à l'instauration d'un cessez-le-feu avec Israël, à condition que ce dernier mette un terme à ses activités militaires dans la bande de Ghaza et en Cisjordanie. Le Hamas avait rompu la trêve observée depuis 18 mois, vendredi, suite au massacre sur la plage. Cet appel ne trouvera que de sourdes oreilles en Israël, le calme et la stabilité étant le pire ennemi pour la concrétisation du plan d'Olmert et de son gouvernement.