Après Ghaza, la Cisjordanie ? C'est ce qui se dit au sujet des territoires palestiniens, sans que quiconque, sauf les Israéliens bien entendu, sache de quoi il retourne exactement. Après la mort du seul processus d'Oslo qualifié de sérieux par défaut, décrété par les Israéliens, en 2001, la situation est revenue au statu quo. En 2005, Israël lui a substitué un retrait unilatéral de la bande de Ghaza, sans donner à l'Autorité palestinienne les moyens de combler le vide. Et on sait ce qu'il en est advenu. C'est le mouvement Hamas qui s'est emparé de ce territoire après avoir défait militairement ce qui restait des forces de sécurité palestiniennes. Cette fois, Israël et les Palestiniens s'orientent vers des négociations sur le statut final de la Cisjordanie, sur la base d'un retrait de la plus grande partie de ce territoire occupé, après sept ans de blocage total. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président palestinien Mahmoud Abbas ont déjà commencé à parler de paix, mais encore en termes très généraux, tant le fossé est grand entre leurs positions. Dans ce contexte, le numéro deux du gouvernement israélien, Haïm Ramon, a envisagé hier un retrait de la majeure partie de la Cisjordanie dans le cadre d'un accord de paix avec les Palestiniens, sans que l'on sache si cela signifie un retour à l'autonomie avant la réoccupation des villes palestiniennes par Israël. Le vice-Premier ministre, proche de M. Olmert, a estimé à la radio publique israélienne qu'il était de l'intérêt d'Israël de « sortir de la majeure partie de ce territoire, tout en conservant les grands blocs d'implantations. » Voilà donc la vision israélienne de la paix, comme toujours sans la moindre référence à ce qui tient lieu de légalité internationale. De cette manière, et comme à son habitude, Israël s'octroie le droit de tracer les frontières comme il l'entend. Inévitable échec « On ne doit pas s'obstiner à garder des territoires quand la poursuite de leur occupation menace notre existence nationale et porte atteinte à notre position dans le monde », a-t-il ajouté. Il a écarté un retrait « unilatéral » du type de celui effectué par l'Etat hébreu dans la bande de Ghaza en septembre 2005, soulignant qu'à la « différence de ce qui s'était passé, Israël a aujourd'hui en face de lui des partenaires, en la personne du président palestinien Mahmoud Abbas et du Premier ministre Salam Fayyad. » C'est la première fois depuis la constitution du gouvernement dirigé par Ehud Olmert, en mai 2006, qu'un ministre de premier plan se prononce publiquement sur un tel retrait. Avant sa disparition de la scène politique, en janvier 2005, suite à une attaque cérébrale, le Premier ministre Ariel Sharon s'était déjà prononcé pour un retrait de la plus grande partie de la Cisjordanie, dans le cadre d'une stratégie visant à fixer unilatéralement la frontière orientale d'Israël. Selon le quotidien Haaretz, M. Olmert a proposé à Mahmoud Abbas des négociations en vue d'un « accord de principe » sur la création d'un Etat palestinien, portant sur 90% de la Cisjordanie, la construction d'un tunnel reliant la Cisjordanie à Ghaza et un arrangement pour El Qods-Est, permettant aux Palestiniens de présenter cette partie de la ville comme leur capitale. M. Olmert a affirmé mercredi avoir commencé à évoquer avec le président palestinien les étapes conduisant à la création d'un Etat Palestinien. Comme il est difficile de négocier sous la pression, ou en voulant nier l'évidence, l'échec semble inévitable. Le chercheur israélien Yossi Alpher, se montre sceptique sur les chances d'un tel accord. Le politologue palestinien Mahdi Abdul Hadi lui aussi est sceptique, estimant que si « Israël ne répond pas à l'initiative arabe, l'impasse va durer et le sang continuera à couler. » Cette initiative prévoit un retrait total d'Israël des territoires occupés depuis 1967, contre la paix et la normalisation. Ce que justement Israël refuse, cherchant au contraire à réécrire, un texte lui-même expression d'un délicat consensus.