Une journée-souvenir a été organisée le 18 mai dernier en hommage à Tahar Oussedik. L'événement a été initié par l'association Zinet El Kaâda d'Alger en collaboration avec la maison de jeunes Tahar Oussedik de Aïn El Hammam, la maison de la culture Mouloud Mammeri et le site de proximité : www.el-biar.com. La journée a débuté par un recueillement sur la tombe du défunt à Asskif n'Tmana (Aïn El Hammam) dans le cimetière familial. La maison de jeunes de la ville qui porte le nom de l'éducateur-écrivain a ensuite accueilli la nombreuse assistance pour un sympathique déjeuner avant le départ vers la maison de la culture de Tizi Ouzou. C'est dans la salle du petit théâtre de cette dernière que sera donnée à 14 h la conférence « Tahar Oussedik, l'éducateur au grand cœur », placée sous le signe d'un hommage à tous les pionniers de l'école algérienne d'avant et après l'indépendance. Le conférencier développera les qualités tant humaines que professionnelles qui ont façonné la vie et l'œuvre de ce personnage hors norme. Il s'étalera sur les vertus de la vocation dans le choix et le recrutement des enseignants. Ce noble métier était perçu en tant que sacerdoce par les instituteurs de la belle époque. Le don de soi, le sens du sacrifice, l'amour du travail avec les enfants et la disponibilité à aider et soutenir et les enfants et leurs parents servaient de moteur à leur mission quasi messianique. Ils étaient des éveilleurs de consciences, des bâtisseurs d'avenir. Une fois à la retraite, Tahar Oussedik a tenu à continuer son rôle d'éducateur mais à très grande échelle. Il s'adonna à l'écriture d'ouvrages historiques à caractère pédagogique. Une dizaines de livres écrits avec cette simplicité et cette clarté de style qui caractérise la communication éducative. Architecte féru d'art et de littérature, Mebarek Mouzaoui nous fera voyager à travers le temps par une lecture du livre Les poulains de la liberté. L'ouvrage relate les heures de gloire des pionniers de l'école algérienne, confrontés à la forte demande en scolarisation au lendemain de l'indépendance. Il lira à l'assistance une nouvelle croustillante tirée du livre, anecdote vécue par Tahar Oussedik. L'auteur y décrit le génie de débrouillardise et l'innocence enfantine des écoliers de l'époque. Quant au poète Rachid Rezagui, il déclamera deux poèmes émouvants, l'un dédié au défunt et l'autre à toute la corporation des enseignants. Des témoignages seront donnés par ceux et celles qui l'ont côtoyé de près. Un père de famille nous apprend que son fils exclu de l'ex-3e ( 9eAF) vers la fin des années 1970 se rend chez le directeur d'un autre CEM - qui n'est autre que ammi Tahar. Ce dernier accepte d'inscrire son fils dans un autre collège. Il oblige l'élève à faire serment de tout entreprendre pour réussir. « Je t'aurai à l'œil pendant toute l'année », lui dit-il d'un ton mi-menaçant, mi-affectueux. L'élève refit son année et l'obtenue avec brio, décroche par la suite son bac et poursuit des études universitaires. Actuellement, il est cadre supérieur dans une firme américaine domiciliée à ... Sidney en Australie. Un diplomate guinéen dont le père, feu Abdoulaye Touré, était un ami de Tahar Oussedik a ému l'assistance. Il a évoqué son action auprès des diplomates africains à Tunis pendant la guerre de Libération nationale.Pour la clôture, une médaille de reconnaissance a été remise par Djaffar Ouchellouch représentant le Haut-Commissariat à l'amazighité à la famille de l'éducateur disparu. Biographie express Tahar Oussedik est né en 1913 à Sidi Naâmane (Tizi Ouzou) d'une famille originaire de Aïn El Hammam. Il décroche son baccalauréat à la fin des années 1930 et embrasse la carrière d'instituteur dans un village de la wilaya de Médéa. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, il se porte volontaire pour la durée des hostilités, par antifascisme, afin de combattre le nazisme. A sa démobilisation, il reprend ses activités politiques au sein du mouvement national (PPA - MTLD) en même temps que son travail dans l'enseignement. Arrêté une première fois en 1951, il déploie, pendant la guerre de libération, une activité soutenue dans la clandestinité à Alger. Il sera arrêté et torturé par les paras de Bigeard. 36 jours de tortures et de souffrances atroces lui laisseront des séquelles. Il partageait la cellule du défunt Ali Boumendjel, mort sous la torture. C'est le décès de ce dernier et la campagne d'indignation qu'elle souleva qui permirent aux 13 détenus survivants de cette geôle de 18 combattants algériens d'avoir la vie sauve. Il fut transféré au camp de Béni Messous. Une fois libéré, il décide de se réfugier en Tunisie pour continuer la lutte. Il rejoint les rangs de l'ALN mais, à l'indépendance, renonce à son grade d'officier pour se mettre au service de l'école algérienne. Il assure plusieurs fonctions : instituteur, inspecteur, cadre à l'Académie d'Alger. Il laisse aussi un souvenir ému à toute une génération de lycéens qu'il a encadrés durant 2 étés aux stages des recalés du baccalauréat. A la retraite, il s'adonne à l'écriture pour traiter de certains pans occultés de l'Histoire de l'Algérie, continuant de s'adresser à une jeunesse algérienne, lui parlant de sa patrie. Il décède le 23 octobre 1994 à Alger.