Très peu médiatisé d'après des sources officielles, volontairement occulté, selon un avis tout aussi largement répandu, le suicide n'en est pas moins un phénomène de société qui, dans un cas comme dans l'autre, fait hélas partie du quotidien de la population milevienne. Basculer de vie à trépas, à cause d'un échec scolaire, un drame social ou une tragédie conjugale, fait désormais partie du décor des peuplades acculées dans le massif montagneux et déshérité du nord de la wilaya de Mila où les frustrations sociales et économiques, le dénuement, la détresse et le chômage endémique sont à leur paroxysme. D'ailleurs ce n'est pas par le fait du hasard si la quasi-totalité des suicides enregistrés concernent les communes implantées tout le long de la bande nord de la wilaya, Hamala, Chigara, en passant par Amira Arrès, Tassala Lemta, Minar Zarza, Tassadène Haddada et Layadi Barbès. Dans ces régions reléguées aux ultimes retranchements de la condition sociale, les riverains sont très conservateurs. Les familles des « suicidés » répugnent qu'on parle post mortem de leurs « morts suicidés » ou qu'on pose des questions impertinentes du genre : pourquoi, quand et comment est-ce arrivé ? On enterre les siens dans la discrétion la plus totale et on tourne la page. Le recours à la mort volontaire a fait son apparition dans ces hauts lieux de conservatisme vers l'année 2000 au cours de laquelle 4 tentatives de suicide se sont soldées par trois décès et un sauvetage. 4 suicides en 2001, 10 en 2002, 10 en 2003 et 2 en 2004 ont été également dénombrés par les services de la Protection civile. Les mêmes services ont recensé pour les 9 premiers mois de l'exercice 2005, 9 tentatives de suicide donnant lieu à quatre décès. De janvier 2006 à ce jour, un homme et quatre femmes, dont une jeune fille de 25 ans et une dame de 32 ans, mère de 3 enfants, originaires pour la première de Beni Guecha et de Minar Zarza pour la dernière, se sont donné la mort, alors qu'à Mila, une autre jeune fille de 24 ans a tenté de mettre fin à ses jours en ingurgitant une boîte d'agrafes, mais cette dernière sera sauvée in extremis. Nos sources précisent enfin que 95% des « désespérés » recourent à la pendaison.