Les émeutiers ont bloqué la voie ferrée pour protester contre l'installation d'un centre d'enfouissement technique à proximité de leurs habitations. La ville de Réghaïa, à l'est de la capitale, fait face depuis une dizaine de jours à une série d'émeutes chaque soir. Des jeunes des quartiers situés en bordure de la voie ferrée ont bloqué le passage aux trains depuis au moins une semaine. Le rail a été sérieusement détérioré. Résultat : les trains qui desservent les localités de l'Est font demi-tour à partir de la gare de Réghaïa. A l'origine de cette démonstration de force, le maintien par les autorités de la wilaya d'un projet de réalisation d'un centre d'enfouissement technique (CET) ; en d'autres termes, une décharge publique qui plus est sur une assiette foncière située au centre de trois lotissements d'habitations, à savoir Ahmed Bey, Saïdani et Djaâfri. Dès 20h, des jeunes de ces quartiers populaires se donnent rendez-vous sur une route longeant la voie ferrée à partir du lotissement Djaâfri, jusqu'à la sortie du lotissement El Bey. Des affrontements éclatent entre eux et les forces de l'ordre postées en nombre sur la voie ferrée. Les échauffourées durent une bonne partie de la nuit. Les jeunes émeutiers finissent souvent par investir la voie de chemin de fer et bloquer le passage aux trains avec des objets hétéroclites. Par la suite, les jeunes contestataires ont fini par arracher une dizaine de poteaux qui alimentent les trains en électricité. «Notre mouvement de protestation ne cessera que lorsque les responsables de la wilaya auront décidé d'arrêter le projet de la décharge publique», s'écrie un jeune, membre du comité du quartier Ahmed Bey.«Comment peuvent-ils installer une décharge publique en pleine agglomération. Pour nous, il s'agit de sauvegarder notre santé et celle de nos enfants, quitte à bloquer le passage aux trains», poursuit-il. En l'absence d'interlocuteurs devant répondre aux interrogations de la population, la situation se dégrade donc de jour en jour. «Les agents de l'ordre ont arrêté nombre d'entre nous. Fort heureusement, ils nous ont à chaque fois libérés. Le maintien du dispositif sécuritaire sur la voie ferrée est une forme de provocation à laquelle nous allons répondre par un engagement encore plus virulent, et ce, afin de défendre notre cause», assure un membre actif du comité de quartier.Jusqu'à hier en fin d'après-midi, le trafic ferroviaire n'avait pas repris. Les trains de voyageurs et de marchandises faisaient demi-tour à partir de la gare de Réghaïa. «En dépit de toutes les tentatives que nous avons engagées depuis le début des événements, le trafic n'a pas repris. Les actes de dégradation sur les équipements se trouvant sur la voie ferrée sont commis chaque soir», affirme Gamouri Sami, chef de département «passagers» à la direction clientèle à la SNTF. «Nous avons installé un poste de commandement pour suivre l'évolution de la situation. Ce poste travaille 24/24», poursuit-il. «En procédant à ces actes de vandalisme sur la voie ferrée, ces jeunes savent-ils au moins qu'ils mettent leur vie en dangers, particulièrement lorsqu'ils utilisent des machines telles que les tronçonneuses», conclut-il.