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Opération de sauvetage de l'icône du Printemps arabe
Les instances internationales au chevet de l'économie tunisienne
Publié dans El Watan le 11 - 03 - 2014

Pour être l'unique modèle à sauver dans le printemps arabe, notamment après l'adoption de la nouvelle Constitution et l'installation d'un gouvernement de technocrates pour veiller à la dernière phase de transition, la Tunisie ne cesse d'attirer les décideurs des institutions financières internationales, accourant au chevet de l'économie tunisienne afin de lui trouver la recette idoine pour un sauvetage impératif. Mais il ne suffit pas de faire le check-up.
Tunis
De notre correspondant
Quelle thérapie pour faire sortir la Tunisie de la crise ? En moins de deux semaines, ont transité par Tunis Donald Kaberuka, le président de la BAD, Massoud Ahmed, le directeur pour le Moyen-Orient et l'Asie centrale du FMI, Inger Andersen, vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, ainsi que Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque européenne d'investissement (BEI), en plus d'une pléiade d'experts. Le passage à Tunis de ces gros calibres de la finance internationale indique que l'on s'intéresse de près à cette opération de sauvetage de l'économie tunisienne, notamment en ce qui concerne les solutions à prescrire afin qu'elles soient en harmonie, aussi bien avec les espoirs des citoyens que des capacités du pays.
A cet effet, des réunions de travail ont été tenues par les délégations de la BM et du FMI avec les experts du gouvernement, des principaux partis politiques et organisations de la société civile (UGTT/Utica), piliers du Dialogue national. L'objectif, selon l'économiste Mahmoud Ben Romdhane, ce n'est pas de se limiter à trouver des solutions pour le budget 2014 mais, plutôt, «aider à asseoir les bases d'un nouveau modèle de développement en Tunisie, en mesure de faire renaître l'espoir né du départ de Ben Ali un certain 14 janvier 2011». C'est ce qui justifie par ailleurs l'implication de toute la société civile et et la classe politique dans la recherche de cette perspective, afin de parvenir à une proposition consensuelle pouvant être accompagnée de mesures impopulaires. C'est par ailleurs la raison pour laquelle Mehdi Jomaa a dit aux Tunisiens les quatre vérités concernant la situation désastreuse de leur économie. «Tout le monde doit être averti et, surtout, impliqué», insiste l'économiste.
Soutien entier
En constatant la succession des visites de ces barons de la finance internationale en Tunisie, il est clair que l'on veut sauver l'économie tunisienne en rééquilibrant ses ratios fondamentaux fortement déstabilisés pendant ces trois dernières années. Avec la venue aux commandes du pays de managers de la trempe de Mehdi Jomaa (Hutchinson-Total) ou Hakim Ben Hamouda (BAD), issus du monde du business international, les leaders du monde international de la finance traitent désormais avec leurs «collègues», ce qui constitue déjà un avantage considérable pour la Tunisie, sans oublier ce devoir moral de «sauver» l'expérience tunisienne, l'unique à posséder les ingrédients pour réussir, comme l'ont affirmé François Hollande ou John Kerry, lors de leurs passages respectifs à Tunis.
Le sauvetage de cette expérience a besoin d'un fort levier socioéconomique pour résorber les problèmes du chômage, de la pauvreté et du déséquilibre régional, qui ont été à la base de la révolution tunisienne.La transition démocratique en Tunisie ne saurait réussir sans une attaque de front de ces problématiques. Une deuxième chance s'offre donc à la Tunisie. L'objectif est de «focaliser sur la reprise économique, dans la mesure où l'économie n'est pas encore parvenue à relayer les acquis politiques et sociaux», comme l'a assuré la vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Inger Andersen, lors de son récent passage en Tunisie.
Les experts financiers internationaux tiquent toutefois devant le déséquilibre de la balance de paiements du pays avec un chapitre compensation dépassant largement les quatre milliards de dinars, soit près du cinquième du Budget. Le problème, c'est que cette compensation représente un choix stratégique en Tunisie depuis son indépendance avec la subvention des produits alimentaires de base et du transport, en plus de la gratuité de la scolarité et du développement de la santé publique, sans oublier la compensation de l'énergie.
D'où la grande problématique à résoudre de manière concertée afin de faire sortir l'économie de l'abîme et redonner de l'espoir à toutes les catégories sociales. La venue des grosses pointures de la finance internationale traduit des dispositions pour venir en aide à la Tunisie. Encore faut-il que l'élite tunisienne fasse preuve de savoir-faire afin que les citoyens reprennent confiance en leur révolution et que la place de Tunis attire de nouveau les capitaux. Un nouveau défit à relever.


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